Nos enfants nous accuseront : le film
Questions – Réponses avec Jean-Paul Jaud, le réalisateur du film « Nos enfants nous accuseront » :
Après avoir révolutionné l’image du sport sur Canal+, quand avez-vous commencé à vous intéresser à l’agriculture biologique ?
J’ai découvert l’agriculture biologique, que l’on devrait d’ailleurs appeler agriculture naturelle, dès mon enfance, pendant les vacances dans la ferme de mon grand-père. Cette agriculture était bien sûr respectueuse de la biodiversité. Puis il y a quelques années, trouvant la cause du cancer dont j’ai été victime, j’ai été amené naturellement à manger des produits issus de l’agriculture biologique.
Comment avez-vous connu Barjac et ses habitants ?
J’ai commencé par faire en quelques sortes un « casting ». Je voulais suivre pendant un an la vie d’un groupe d’enfants qui mangent à la cantine tous les jours. Je cherchais un lieu où la restauration collective jusqu’alors conventionnelle souhaitait passer en Bio. En mars 2006 avec l’aide de Stéphane Veyrat de l’association UNPLUS BIO, j’ai rencontré Edouard Chaulet, Aline Guyonnaud et certaines mamans d’élèves de l’école publique de Barjac. Ce processus était a l’étude et ma venue a, je crois, accéléré la volonté de mettre en oeuvre ce changement.
Combien de temps a duré le tournage ?
Le tournage a duré 40 jours sur une année scolaire. Depuis le 11 septembre 2006 la restauration collective de Barjac est passée progressivement en Bio. Des enfants dela classe de Marie-Pierre Brusselle, institutrice à l’école primaire sont les personnages principaux de ce documentaire. La caméra prend le temps de d’écrire judicieusement leur univers personnel, scolaire et familial, car pour moi, l’unité de temps d’une année est parfaite pour montrer l’évolution d’un univers. L’image doit informer mais surtout toucher au coeur les parents. Barjac est un magnifique village de France situé au pied des Cévennes mais la triste réalité est là comme partout ailleurs dans le monde : cet environnement idyllique n’est pas épargné par lespollutions des sols, de l’air et de l’eau.
Pourquoi avoir choisi le cinéma pour vous exprimer ?
Le projet de dénoncer dans un film documentaire l’état préoccupant de notre alimentation et ce à travers les conséquences irréversibles pour nos enfants induisait obligatoirement un traitement cinématographique. On ne reçoit pas un film documentaire au cinéma comme à la télévision. Dans une salle de cinéma, le spectateur est seul face aux images et aux sons. Il est aussi en situation de partage avec les autres spectateurs. L’alimentation saine et naturelle rime avec le beau. La caméra doit restituer à travers l’image, la beauté des fruits, des légumes, des plats, l’harmonie de l’homme dans son environnement naturel afin de nous convaincre de revenir à une alimentation que l’on veut nous contraindre à abandonner et à oublier. De plus la beauté de la nature, l’intensité d’un regard ne pourront jamais être aussi bien restitués que sur un écran de cinéma. C’est pour ces raisons majeures, que j’ai réalisé « Nos enfants nous accuseront » pour le cinéma.
Vous ne critiquez pas ce film avec la même vigueur, avec la même rigueur que sur le sujet des vins contenant des métaux lourds!