Le vin nature est un concept confus pour ceux qui y voient trouble de nature, du genre à avoir besoin de repère solide pour marcher droit.
Alors voilà ! A vous d’y voir clair ! Allez donc sur place à la rencontre de ceux dont on parle. Je vous invite ainsi à traverser la vigne quand elle a été caressée par les soins d’un artisan vigneron, de ces hommes ou femmes qui à chaque instant touchent les sarments, butinent d’un rang à l’autre, remuent cette terre comme des forcenés avec ou sans l’aide d’un cheval, vendangent à la cueillette, vinifient sans artifices, ne cherchent en rien à duper la nature et celui qui va la boire.
Pendant ce temps, il y a de ces pisses-froid comme disait ma grand-mère qui se pâment devant un verre de vin sans âme, acheter cher pour prouver sa valeur, dont on ne cesse d’extraire un terroir en le tuant à coup de soufre et en le créant en sélectionnant ses levures.
Alors je vous invite à retourner au plus près des grappes, un jour de vendange, en jouant à se cacher derrière les sarments, rideaux de vert, picorant, par-ci par-là, des raisins bien mûrs, appétissants, croquants, savoureux. L’art du vin, sa marginalité, son originalité, est de nous donner accès à la fois (foi) à la terre, à l’histoire, à l’homme qui le fait. Quel plaisir en effet que de partager un verre avec ce ou cette vigneronne qui vous explique son travail, vous montre sa vigne, vous emmène dans sa cave, là où, il ou elle, élabore dans le crépitement des jus, ses vins.
Il semble tellement leur manquer, cette part de rencontre et d’aventure, à ces buveurs de vins qui viennent vous dire la triste sottise de leur monde préconçu. Ils ânonnent les préjugés, classent leur ennui, oublient la vie et le vivant.
Le vin nature n’est pas un dogme mais un moyen de reconnaître tous ceux qui veulent aller plus loin que la démarche bio, encadrée mais insuffisante. Alors, oui, il y a les « sans soufre ajouté » et ceux qui en mettent à dose modérée, les sans cuivre, les fanas d’huiles essentielles, les experts de la concoction de jus d’orties et de prêles, et, oui, tous sont partisans du moins d’intrants possibles : la nature doit parler. L’art difficile de l’artisan vigneron sera de maîtriser l’absence de défaut et de déviance. Certains y arrivent, d’autres pas.