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25Sep
Bonne nouvelle, le vigneron est de nouveau perché. C’est la saison peut-être…
Il me semble, comme je l’avais déjà un peu deviné, que, si il a apparemment trouvé un équilibre, Ivo Ferreira demeure sur les hauteurs. Un peu plus près des étoiles, dans sa parcelle de Carignan, au pied d’Arboras, sublime village à quelques pas de Montpeyroux, Ivo montre le chemin : « bon écoutes ! tu montes vers le café et là tu prends à droite. C’est en haut tu verras ! au bout de l’impasse.»
Etonnant pour un mec comme moi qui souffre autant du vertige de revenir chaque année grimper chez Ivo, sur ses cuves en béton, sur ses barriques et maintenant sur son flanc de montagne. Un incroyable panorama sur le début de la plaine de l’Hérault. D’ici, de là, il domine Montpeyroux, du regard bien entendu, rassurez-vous, pas plus, Ivo sait garder sa mesure et sa place, et aussi Aniane, un peu plus loin et ce jusqu’à la mer à l’horizon. Mon regard traverse Pézenas forcément sans m’en rendre compte.
Ivo s’est donc installé sur les hauteurs d’un village perché, au bout d’une impasse, jonchée ce dimanche-là de caisses à vendanger, de chaises, de tables, d’un apéritif installé dans la rue avant la mise en place d’une longue tablée. Bon, au moins, il ne sera pas tout seul à faire du vin dans la rue. Il lui reste de quoi s’occuper cet hiver pour aménager sa nouvelle cave ; un hiver béton !
A propos de la vendange du Carignan, Ivo est ravi, sa cuve en est remplie à ras bord. Toujours la même manière de faire, par macération carbonique, grappes entières sans foulage, tel quel. On cueille les raisins, assez petits pour du carignan, entre amis, sans chercher la productivité. Toute la parcelle trouvera sa place dans le fourgon, calée dans des caisses. Midi passé, sans trop se presser, on s’en va vers la cave et caisse après caisse, Ivo enfourne sa vendange dans ses grandes cuves béton, trouvées là dans leur jus. Pas de soufre, pas d’instrument de mesure. Ivo se réjouit de ce millésime prometteur et généreux. Il m’invite à plonger la main dans la cuve pour ressentir la chaleur déjà incroyable de la vendange précédente. Voilà, il referme la trappe. Seul, le propre poids des fruits servira à compresser lentement par gravité les baies du raisin. Je n’en reviens toujours pas de cette simplicité. Ca fait écho aux nouvelles que je lis dans le Midi Libre depuis quelques jours, les fameuses vendanges à l’ancienne ou vendanges d’antan. Quelle connerie tout de même ! Certes si la technicité de ce monde a transformé le métier pour nombres de producteurs d’aujourd’hui, faire du vin est un acte si fondateur de l’homme qu’il ne saurait s’attacher ni au temps ni à la mode. Il ne se subordonne pas à la variation des époques et des civilisations humaines.
J’en ai la certitude. Ivo va bientôt s’aménager une aire de jeux au-dessus de chez lui, au-dessus de ce vignoble d’adoption. Et il se balancera, au soleil et sous le vent, un verre de petite crapule dans la main.
« Ses bras tendus tenaient les cordes au-dessus de sa tête, de sorte que sa poitrine se dressait, sans une secousse, à chaque impulsion qu’elle donnait. Son chapeau, emporté par un coup de vent, était tombé derrière elle; et l’escarpolette peu à peu se lançait, montrant à chaque retour ses jambes fines jusqu’au genou, et jetant à la figure des deux hommes, qui la regardaient en riant, l’air de ses jupes, plus capiteux que les vapeurs du vin.” Maupassant Contes et nouvelles,t. 1, Partie camp., 1881, p. 374.
Pour découvrir un peu plus Ivo :
http://www.showviniste.fr/vignerons/escarpolette-ivo-a-la-recherche-de-lequilibre-avec-les-vignes-de-montpeyroux/
http://www.showviniste.fr/vignerons/domaine-de-lescarpolette-ivo-ferreira-vigneron-a-montpeyroux/