Au clos romain ou ailleurs, la patience mesure les longueurs du temps

Oui c’est bien ça ! La patience n’a finalement aucun but précis. Elle mesure les longueurs du temps, plus sensibles par un soir d’hiver que par une belle nuit d’été.

La patience, au dernier moment, quand tu l’apprécies vraiment, souffre de cette impatience de l’attente, ça vient, ça vient,… et c’est déjà parti !

De la patience il en faut certainement pour voir ses rêves comprimés dans leur enceinte enfin sortir de leur enclos, les voir éclos, comme une naissance efface aussitôt les 9 mois précédents. Le temps a fait son affaire et la vie la sienne. Juste une parenthèse saisie entre deux crochets, l’avant et l’après, j’ouvre une bouteille qui a fait son temps, j’ouvre une année du passé pour la faire vivre quelques minutes dans mon verre. Elle ne sera plus.

Patience de l’amateur au bas de l’escalier de sa cave, au pas du parcours initiatique pour commencer un bon repas, qui veille sur son cheptel de verre, les mains pleines de désir, le sommelier garni d’envie. Ces bouteilles abritées là pendant des années, choyées, convoitées, finiront dehors, dans la rue, vides, nues, dans un caisson vert, inutiles avant de resservir.  La gloire de Phidias vint sur la table, un peu avant, telle la soliste un soir de concert, projecteurs braquées sur elle, la plus belle, passant de main en main, se vidant du jus de la vie, du sang de la vigne, se laissant boire.

Oui c’est bien ça ! La patience n’est ni une vertu, ni à l’inverse, une ivresse. Après tout, il faut bien attendre, de temps en temps, sinon, nous irions trop vite !

Illustrations et inspiration : Clos Romain http://www.closromain.fr/

Article contribuant à la cause des vendredis du vin, édition n°63, présidée par Maïlys (Very Wine Trip)