Le vendredi c’est caviste, cave, bar à vin…les autres jours aussi !

 

J’errais dans le rayon, longueur monotone, alignement rectiligne, défilé officiel de quilles, bouteilles après bouteilles, je cherchais celle qui devrait me plaire, sous les néons froids, je glissais encore, mètre après mètre.Voilà quelques 800 échantillons différents et pas un seul n’attire mon bras. J’ai les yeux qui piquent. La gorge qui sèche. Je fais les 100 pas. Je repasse plusieurs fois devant chacune des régions françaises. Personne ne vient à mon aide. Le silence pèse.J’évite soigneusement, négligemment, feignant l’indifférence, d’autres qui comme moi semblent suspendus dans leur quête de vins.Soudain, alors que retentit une voix nasillarde et féminine, annonçant que madame laplanche est attendue à la caisse centrale, depuis le plafond de l’hypermarché, d’une voix qui ferait pâlir de jalousie une poule s’égosillant au lever du soleil dans une ferme isolée en pleine campagne,  une ravissante jeune femme m’interpelle par un « Bonjour Monsieur » , grand sourire, dent blanche, et me tend un minuscule gobelet en plastique rempli d’un liquide jaune pâle. »Vous connaissez certainement notre apéritif du soleil ! » me dit-elle (question inductrice dont la réponse sera à 99% positive et donc favorable pour la suite de la procédure de vente)….

J’ai filé ! Les bras vides ! Mais où aller pour trouver du vin ? Qui va donc pouvoir me conseiller ? Et me guider pourquoi pas  ! Qui va me proposer un vin en sachant m’en parler, en me racontant un peu de son histoire, en me donnant l’envie de l’ouvrir et le découvrir. Elles sont où les bonnes boutiques de vins qui considèrent le vin comme une promesse ? Bar à vin, cave, caviste, ils s’appellent classiquement « le buvard », « le nez dans le verre », « l’assoiffé », « le tire bouchon », « la bonne bouteille », et plus rarement « le Bar à où », « le Bar à bu…lle ».

Alors faites-vous connaitre ! On vous cherche !!!

Le vin, vraiment bon pour la santé ? un service public en direct sur France Inter avec isabelle giordano

France Inter le débat

Le thème de l’émission de radio d’Isabelle Giordano sur France Inter, demain mardi 21 Septembre 2010 de 10h06 à 11h00 :

Le vin, vraiment bon pour la santé ?

avec :Jacques DUPONT, journaliste au Point Spécial vin , auteur de « Choses bues » aux Ed.GrassetDenis SAVEROT, directeur de la rédaction de la revue « Vin de France », auteur de « In vino satanas » aux Ed. Albin MichelLaurent BARAOU, petit caviste co auteur avec Monsieur Septime de « La face cachée du vin » François Bourin éditeur

Un service public en direct, une parole libre très certainement et une belle opposition en perspective. Mais lequel de ces « vinologues » va faire craquer Isabelle Giordano ? Laurent Baraou va-t-il faire son numéro de charme habituel ? Ne sera-t-il pas bloquer par l’enjeu et la question cruciale ?

Olivier De Moor, vigneron à Chablis, Bourgogne

Olivier De Moor Vigneron bio à Chablis Bourgogne

Avec Olivier De Moor, nous sommes d’emblée dans la catégorie Vigneron à carapace dure, de première abord réservé, timide, effacé. Rencontrer un tel homme c’est comme partir à la cueillette aux champignons. C’est pas gagné à l’avance. Il faut connaître le terrain, montrer patte blanche, approcher sans s’annoncer mais doucement, pas à pas, discuter peu au départ, de toutes façons il ne dit que quelques mots, parle à voix basse et semble sortir de sa tanière.Et puis, Olivier De Moor fait un geste d’apaisement. Il ouvre sa porte, vous avertit, deux fois, de bien baisser la tête en entrant dans la première partie de sa cave, et vous entraine dans un dédale de caves sombres et froides, de portes, d’escaliers, pour déboucher en bas dans une dernière cave. On va déguster quelques cuvées mais nous ne pourrons rien acheter. Y’a plus rien à vendre, écoulé déjà ou réservé.

Olivier De Moor

Mais savez-vous pourquoi on manque De Moor à Chablis ? Certainement parce qu’il ne fait que 30000 bouteilles avec 7 ha de vigne et un rendement de 35 hl/ha.Sûrement parce que ses vins sont très vites introuvables car très recherchés !Peut-être aussi parce que Chablis gagné par une euphorie sur le marché américain, dans un passé encore très récent, a utilisé à volonté tous les artifices à sa portée pour une production soutenue de vins.« Les grandes maisons de négoce sont en position de force. Elles entrainent tout le monde dans des techniques vers lesquelles je ne veux pas aller » nous confie Olivier De Moor.« J’essaye de faire du vin pour me regarder en face, sans intrants. Et comme je travaille, ca donne les vins que je fais, différents ! »Mais bien sûr, à ce point d’exigence, avec un tel rendement, la rentabilité est moindre et le travail plus difficile, plus risqué. Très peu soufré, le vin a de cette délicatesse qui accompagne chacun des gestes d’Olivier De Moor.Mais il insiste, recadre  : « il faut coexister entre ceux qui font 60hl/ha et ceux qui ne font que 35. »Vivre De Moor et d’eau fraîche semble-t-il !

Parce que les séjours en cave sont toujours de l’ordre de l’intime, la gouaille du visiteur, soudain, surprend, étonne, voir amuse. Tandis que nous étions affairés, le nez plongé dans l’un de ses Chablis, le rosette 2009 encore en fût mais fin prêt, aux fortes notes citronnées et nerveuses, totalement dépourvu de bois, surgit un grand et costaud  bonhomme, en bermuda trop large et sandalettes en cuir ; un total look d’américain. Michel Moulherat de la Cave de l’Insolite à Paris. Grand gaillard à l’opposé de la discrétion du vigneron, du genre tactile, au verre facile, vite vide, glougloutant chaque gorgée, aussitôt avalée, poussant l’espace par des « voilà, ca c’est bon ! J’fais vite, j’te prends 2 bouteilles et on y va ».C’est promis on passera le voir à sa cave quand on sera à Paris.Retour au calme.

chablis et saint bris

On replonge dans la cave du bas et on découvre la cuvée Rosette en 2008 qui doit bien se trouver quelque part en France chez certains cavistes comme Lavinia, Augé, Chapeau Melon, La Part des Anges à Nice ou Les Indigènes à Perpignan.Belle acidité toujours avec des contours de citrons confits et un léger fumé. Une année de fermentation longue à la suite d’un bel été et d’un vent du nord en Septembre qui a eu la particularité de concentrer le raisin.Puis le Saint-Bris, cuvée de Sauvignon blanc et gris, vieilles vignes gagnées par les manquants, qu’il a fallu filtrer sur ce 2008. Il restait trop de sucre, 5g. « Je vendange tard. En fin de fermentation, les levures patinent par manque de nutriments. En laissant un peu de gaz, on garde de la nervosité au vin et on filtre pour éviter que les levures repartent avec le sucre. »Une délicatesse ce vin, du fruit, de la finesse. On le supplierait pour repartir avec au moins une bouteille.Et parce que le vin c’est la terre, la vigne, on s’échappe rapidement du village de Courgis pour tâter du cailloux du bout des pieds sur la première de ses parcelles. Les ceps sont encore nus. Le sol meuble se tapisse de quelques herbes, un pissenlit en fleur et de mignonnes fleurs bleues enivrantes. Pas d’ensemencement, ca vient naturellement.Le regard d’olivier De Moor se fait plus complice, plus détendu.En regardant le vignoble de Chablis alentours, décharné, vide, grisâtre, uniforme, avant l’éclatement des bourgeons, on espère vivement que Chablis prenne des couleurs.

Rosette, parcelle de chablis, olivier de moor

Rue89 : Mise en Bouteille Vin de spéculation vs Vin de Proximité

Lecture assidu du site Rue89 et du blog de Catherine Bernard : Mise en Bouteille, il m’arrive parfois d’être un peu en retard pour réagir. Le dernier article intitulé « Vin de spéculation contre vin de proximité » m’a donné quelque envie de faire, moi-aussi, mon commentaire.

Si la plume caresse la peau, elle laisse aussi sur du papier, même virtuel, des écrits étonnants.

Pourquoi donc se chercher querelles quant on nous parle si franchement de « mérite » ?
Il est si simple pourtant d’être curieux, d’avoir envie de gouter un vin, de se laisser porter par une histoire, de rencontrer un homme ou une femme, émerveillé au pied de ses barriques, empressé de vous emmener dans ses vignes, vous montrer sa terre, sa taille, tout ce travail, cette force d’ouvrage.
Faites donc ce pas, …de plus, guidé ou non, par un caviste, un article ici, une boutique, un ami, un autre, mais avancez un peu, l’esprit léger, avec envie.
Vous dégusterez très certainement des vins étonnants, des bouteilles inédites, des arômes inconnus, et même si quelques fois, vous serez déçu, il y a plus à gagner à s’ouvrir qu’à rester dans son coin.
Quel luxe nous avons de pouvoir venir à leur rencontre. Imaginez donc un boulanger vous parler de son champ de blé et de la manière de cultiver. Impensable !
J’ai encore découvert cette semaine des nouveaux aventuriers modernes, heureux de faire déguster leurs premières cuvées, tout excités encore du risque pris, du résultat pressenti, du défi à affronter, même ici, en plein coeur du vignoble du Languedoc. Et si oui, je le confirme, je leur demande si ils sont certifiés « Bio », quel plaisir d’apprendre leur manière de faire, comme par exemple à quoi peut servir des orties, des prêles, des oignons et des huiles essentielles pour la culture de la vigne. Si vous n’êtes pas ouvert d’esprit, c’est certain, vous penserez tout de suite que ce sont des foutaises. C’est bien ainsi que des hommes restent sur place tandis que d’autres avancent.
Si vous souhaitez en savoir un peu plus sur ma dernière rencontre, faites un tour ici…

Rue89
Blog de Catherine Bernard