Les Arpents du Soleil, Gérard Samson, vigneron en Normandie au pays du Calvados

Des pissenlits tapissent la vigne. Ca étonne mais au fond ce n’est pas si original. Il y en a bien aussi sur le sol de Chablis en Avril. Mais quand une odeur de fumier de vache traverse la haie, tandis que nous gravissons le coteau, tout de même, ce n’est pas banal des vignes en Normandie !
D’un seul tenant, exposé plein sud, les différents cépages ont été plantés à cet endroit précis par Gérard Samson, en 1995. Notaire de profession, avec des origines alsaciennes, cet homme doit bien faire parler de lui dans la campagne normande. « Du vin de pays du Calvados, que j’vous dit, là tout prêt de Caen…à Saint-Pierre sur Dives. Y’en a tout un champ…et il fait du blanc et du rouge… »

Depuis l’ouverture de sa cave, au pied du coteau, il en reçoit de ces visiteurs incrédules qui ne passent la porte que pour vérifier le bruit qui court. Patient et affable, il prend plaisir d’expliquer sa démarche, donne à chacun le temps de bien réaliser qu’il va pouvoir repartir avec un carton contenant les 6 cuvées du domaine. 5 blancs et un rouge, un pinot !

Monsieur Samson nous confie : « Il faut être humble quand on est vigneron. Sur ce que je dis aujourd’hui, j’aurai peut-être évolué dans quelques années. » Son projet d’implantation n’est pas du au hasard. Sa passion pour le métier, remonte à longtemps. Son passage au lycée viticole de Beaune date déjà de 25 ans.

Mais pourquoi de la vigne en Normandie ?

« Certes c’est un défi mais de la vigne il y en a eu ici. Elle a disparu en partie à la Renaissance et complètement à la fin du 18ème siècle. On retrouve sa trace sur la carte de Cassini.» répond-t-il et poursuivant « l’endroit réuni plusieurs éléments décisifs, le sol, du Jurassique, nous sommes dans le bassin parisien, dans une configuration identique au terroir de Bourgogne, au même niveau géologique, calcaire fissuré permettant aux racines de plonger en profondeur plus facilement. Et puis il y a un micro-climat avec 25 jours de pluie de moins qu’à Caen, un vent fort qui sèche les feuilles et les baies de raisins. » C’est tout un tas d’indices, en somme, selon la même idée que les climats bourguignons.

« Mais vous savez, on est sur le fil du rasoir question maturité du raisin. » conclut-il.

C’est un homme de passion qui a donné réalité à son rêve avec une rigueur technique pour réussir son vin dans ses conditions. Pointilleux, tenant à être précis en toute chose, il est de ces gens qui vous demandent avec application votre nom et d’où vous venez en tenant à déterminer exactement où cela se situe.

les arpents du soleil en normadie à grisy

Oenotourisme en Normandie

Il va jusqu’à organiser des visites guidées, tous les jeudis à 14h30, des vignes et de la cave, pour donner des preuves, pour faire voir que « c’est vrai ». Il reçoit au maximum 30 personnes par groupe et restitue ce qu’il a appris en Bourgogne : « Faut donner de l’attention aux gens. Le vin, ce n’est pas simplement pour être vendu. C’est de la convivialité. Faut les mettre ensemble et les faire échanger, parler, c’est interactif. J’essaye d’être pédagogique »

Des vins fins

Très belle fraîcheur sur toute la gamme des blancs, avec le plaisir de déguster du Melon de Bourgogne, de l’Auxerrois ou bien encore du Muller-Thurgau. Les étiquettes distinguent les vins en fonction de couleurs précises. Une autre manière encore de simplifier l’approche pour le curieux et l’amateur de bouteilles.

vigne en normandieLes Arpents du Soleil, une étape originale pour découvrir davantage l’univers du vin, une autre idée de la Normandie !

Caveau ouvert toute l’année les lundi et vendredi de 14h à 18h30 et le premier samedi de chaque mois de 10h à 17h. Ouverture le samedi 1er mai 2010.

Les Arpents du Soleil

Mr Gérard Samson

14170 Grisy

Tel. : 02 31 40 71 82

www.arpents-du-soleil.com

Les Vendredis du Vin, des litres et des lettres

Des lettres, des lettres…des litres j’en ai plein ! enfin des 3/4 de litres surtout, dans ma cave. Ah comme je les adore ces petites choses qui attendent sagement que je vienne les choisir, parfois au hasard, pressé par le temps, souvent avec méthode, je passe devant chacune d’elles, je relis toutes les étiquettes, en cherchant celle qui va me plaire à cet instant. Un peu comme si je me faisais mon rayon vin de supermarché mais qu’avec des bouteilles quasi introuvables !

Oui bon, des litres et des lettres, quel thème, page blanche à noircir, écran vide, une torture, pas sûr, un défi, c’est certain, une excitation de voir les mots s’enfilaient avec ce sens qui roule à la lecture.

J’avais envie, c’est cool les envies, surtout quand on les assouvies, et par principe, mon conseil, avoir des envies envisageables, ca évite la frustration et ca donne confiance en la vie. Alors oui, j’avais envie de me faire un abécédaire des vignerons, ceux de mes rencontres pour lesquelles ce blog vient d’obtenir un prix au Wine Blog Trophy.

Aurai-je le temps d’aller de a jusqu’à z ?

A comme Azam. Un seigneur en terroir de Limoux, à Roquetaillade, sur son domaine des Hautes Terres ! Une rencontre forte, dans le froid d’un hivers, dans la confiance de sa cave et sa patiente à m’expliquer comment fait-on du crémant !

B comme Patrick Baudoin, découvert sur Millésime Bio il y a 3 jours. Ces vins sont un délice et il me parait de nature à vous parler pendant des heures d’un tas de choses passionnantes.

C comme Clavel, père et fils, de l’authentique me semble-t-il, beaucoup d’humour, de finesse et de la sincérité.

D comme Defaix, à Chablis, de quoi boire, manger et dormir, en une seule adresse !

E comme Emile Hérédia, du bon entre Loire et Languedoc du dimanche, un nomade de la vigne qui connait tout du café !

F comme Fusionnels, un couple mixte, France et Australie, pour concevoir un Faugères de toute beauté et une cave incroyable !

I comme Ivo Ferreira, du talent et de l’énergie pour des vins fantastiques.

J comme Jorel, blottit à Saint Paul de Fenouillet, les pieds dans le schiste et la cave enterrée dans le village.

M comme Mas Conscience, un cas, une prise etc…

L comme Lapierre, qu’est-ce que j’adore ça, ce raisin gaulois. Vas-y Matthieu, c’est top !

P comme Tire-Pé, le château Bordelais mené par david Barrault et sa cuvée Malbec !

R comme Reder, que du blanc et du grigri, qui se tient bien droit, un peu au-dessus de Cournonterral.

S comme Sorga, le domaine d’anthony Tortul, généreux, force de la jeunesse.

T comme Turner-Pageot, un biodynamiste heureux, qui sent bon la lavande à gabian.

W comme Picaros Wine, un tube ! une cuvée typée Languedoc ensoleillé à surveiller de près.

Z comme Catherine Bernard parce que Zut le C et B sont déjà pris et pourtant z’est tellement délicieux zes vins !

Y’en a d’autres, je continuerai … a suivre

Sélection de vin pour les fêtes de fin d’année, du choix pour faire plaisir

sélection vin noël
sélection vin noël

Les fêtes approchent ! Ce matin, j’ai passé, finalement, un long moment dans ma cave. Déjà, il est fait plus chaud que dehors, un peu moins de 14°.

L’objectif ? Sélectionner les vins qui vont nous accompagner la semaine de Noël. Bon, il y aura des spécialistes de la Bourgogne qui viendront avec des caisses de Chablis et certainement de bonnes vieilles cuvées. Je me rappelle d’un Chassagne Montracher plus vieux que ma propre carcasse. Ah si on pouvait à nouveau le déguster cette année 😉

Il faut faire des choix, j’ai choisi :

Un Mas Jullien, rouge, Languedoc, les états d’âme, du grenache. Un vigneron dont j’aimerai raconter la très belle rencontre de cet été pendant que l’on se versera un verre. Son portrait ici.

La Préceptorie de Centernach, 2001, une bouteille oubliée, du Roussillon trop rare, l’union des familles Parcé et Legrand autour de la cave coopérative du village de Saint Arnac. De la poésie !

Prieuré Saint Jean de Bébian, rouge, 1998, Languedoc, une année extra du domaine ! J’ai hâte de le boire à nouveau en parlant de la beauté de l’endroit, de Pézenas (une obsession !), de Karen Turner et Pierre Etienne Chevalier. Mon dernier passage est raconté ici.

La Folie, du Vouvray demi-sec sublime de Sébastien Brunet. Un vin idéal pour les accords mets-vins avec sa subtile sucrosité.

L’Agoulle, domaine du Mas Blanc, un Collioure pour rebondir avec la bouteille de la Préceptorie ! Aucune idée du nectar ! Une cuvée surprise pour laisser de la place à l’inconnue ! Je sais juste que c’est du grenache sur schiste et c’est déjà un bon départ !

Beaujolais Nouveau de Lapierre, en magnum ! De quoi bien démarrer les repas quand la table est envahie de têtes chercheuses de bon moment !

Portrait d’un oenotouriste en 2010 selon WineTourisminFrance

Quoi de mieux que de rencontrer des oenotouristes en se baladant dans le vignoble du Rhône, entre Cairanne et Sablet, un appareil photo dans une main, un verre dans l’autre.

Claude Gilois

André et Claude

Claude et Lincoln

Quand un oenotouriste rencontre un oenotouriste, qu’est-ce qu’ils se racontent ?

André Deyrieux du site internet WinetourisminFrance.com a lancé le trophée de l’oenotouriste l’année dernière, en récompensant Lincoln Siliakus, journaliste australien qui est parti à la rencontre des vignerons , au guidon de son solex, de Chablis en Bourgogne à Sablet en Vaucluse, avec pour obsession : « mais c’est quoi ce terrouar ? »Visages de Terroir-Portraits of Terroir de Chablis a Sablet a Solex

En 2010, André Deyrieux a décidé de remettre le prix de l’oenotouriste à Claude Gilois et Ricardo Uztarroz, auteurs de l’ouvrage Tour du monde épicurien des vins insolites

Ricardo est journaliste à l’AFP, basé à Lima. Claude a créé sa société d’importation de vins du monde en France. Les deux nous livrent des récits surprenants sur des vignobles aux quatre coins de la planète. Un grand voyage d’ouverture, de découverte et de curiosité pour un univers qui cultivent la vigne aux limites des climats et de l’altitude. Et si l’oenotouriste était un aventurier, un globe-trotteur, un flying wine lover ?

Le tourne au verre - cairanne

En attendant de faire un tour du monde, nous avons diner au restaurant – bar à vins de Cairanne, « le tourne au verre ». Un endroit très agréable dans le village, une superbe boutique avec une sélection de vins atypiques et quelques très beaux magnums, des vieilles vignes de gauby par ci, du Silex de Daguenau (un must de fraîcheur et d’équilibre) par là, une charmante sommelière pour vous guider dans vos choix. La cuisine est généreuse, raffinée et délicieuse. Bref, une adresse à garder dans vos oenotes !

Et si je n’ai pas aimé le vin que Claude a présenté comme un des meilleurs chardonnay du monde, un Kistler 2006, Mc Crea Vineyard, (trop boisé à mon sens et trop amer en final), André nous a fait découvrir ensemble le domaine de Viret à Saint Maurice sur Eygues qui se caractérise par des vins issus de la cosmoculture (on expliquera tout cela plus tard), une absence d’intrants chimiques à la vigne comme en cave et une partie de sa production réalisée dans des amphores ! Des vins très intéressants pour vous convertir aux vins naturels !

Olivier De Moor, vigneron à Chablis, Bourgogne

Olivier De Moor Vigneron bio à Chablis Bourgogne

Avec Olivier De Moor, nous sommes d’emblée dans la catégorie Vigneron à carapace dure, de première abord réservé, timide, effacé. Rencontrer un tel homme c’est comme partir à la cueillette aux champignons. C’est pas gagné à l’avance. Il faut connaître le terrain, montrer patte blanche, approcher sans s’annoncer mais doucement, pas à pas, discuter peu au départ, de toutes façons il ne dit que quelques mots, parle à voix basse et semble sortir de sa tanière.Et puis, Olivier De Moor fait un geste d’apaisement. Il ouvre sa porte, vous avertit, deux fois, de bien baisser la tête en entrant dans la première partie de sa cave, et vous entraine dans un dédale de caves sombres et froides, de portes, d’escaliers, pour déboucher en bas dans une dernière cave. On va déguster quelques cuvées mais nous ne pourrons rien acheter. Y’a plus rien à vendre, écoulé déjà ou réservé.

Olivier De Moor

Mais savez-vous pourquoi on manque De Moor à Chablis ? Certainement parce qu’il ne fait que 30000 bouteilles avec 7 ha de vigne et un rendement de 35 hl/ha.Sûrement parce que ses vins sont très vites introuvables car très recherchés !Peut-être aussi parce que Chablis gagné par une euphorie sur le marché américain, dans un passé encore très récent, a utilisé à volonté tous les artifices à sa portée pour une production soutenue de vins.« Les grandes maisons de négoce sont en position de force. Elles entrainent tout le monde dans des techniques vers lesquelles je ne veux pas aller » nous confie Olivier De Moor.« J’essaye de faire du vin pour me regarder en face, sans intrants. Et comme je travaille, ca donne les vins que je fais, différents ! »Mais bien sûr, à ce point d’exigence, avec un tel rendement, la rentabilité est moindre et le travail plus difficile, plus risqué. Très peu soufré, le vin a de cette délicatesse qui accompagne chacun des gestes d’Olivier De Moor.Mais il insiste, recadre  : « il faut coexister entre ceux qui font 60hl/ha et ceux qui ne font que 35. »Vivre De Moor et d’eau fraîche semble-t-il !

Parce que les séjours en cave sont toujours de l’ordre de l’intime, la gouaille du visiteur, soudain, surprend, étonne, voir amuse. Tandis que nous étions affairés, le nez plongé dans l’un de ses Chablis, le rosette 2009 encore en fût mais fin prêt, aux fortes notes citronnées et nerveuses, totalement dépourvu de bois, surgit un grand et costaud  bonhomme, en bermuda trop large et sandalettes en cuir ; un total look d’américain. Michel Moulherat de la Cave de l’Insolite à Paris. Grand gaillard à l’opposé de la discrétion du vigneron, du genre tactile, au verre facile, vite vide, glougloutant chaque gorgée, aussitôt avalée, poussant l’espace par des « voilà, ca c’est bon ! J’fais vite, j’te prends 2 bouteilles et on y va ».C’est promis on passera le voir à sa cave quand on sera à Paris.Retour au calme.

chablis et saint bris

On replonge dans la cave du bas et on découvre la cuvée Rosette en 2008 qui doit bien se trouver quelque part en France chez certains cavistes comme Lavinia, Augé, Chapeau Melon, La Part des Anges à Nice ou Les Indigènes à Perpignan.Belle acidité toujours avec des contours de citrons confits et un léger fumé. Une année de fermentation longue à la suite d’un bel été et d’un vent du nord en Septembre qui a eu la particularité de concentrer le raisin.Puis le Saint-Bris, cuvée de Sauvignon blanc et gris, vieilles vignes gagnées par les manquants, qu’il a fallu filtrer sur ce 2008. Il restait trop de sucre, 5g. « Je vendange tard. En fin de fermentation, les levures patinent par manque de nutriments. En laissant un peu de gaz, on garde de la nervosité au vin et on filtre pour éviter que les levures repartent avec le sucre. »Une délicatesse ce vin, du fruit, de la finesse. On le supplierait pour repartir avec au moins une bouteille.Et parce que le vin c’est la terre, la vigne, on s’échappe rapidement du village de Courgis pour tâter du cailloux du bout des pieds sur la première de ses parcelles. Les ceps sont encore nus. Le sol meuble se tapisse de quelques herbes, un pissenlit en fleur et de mignonnes fleurs bleues enivrantes. Pas d’ensemencement, ca vient naturellement.Le regard d’olivier De Moor se fait plus complice, plus détendu.En regardant le vignoble de Chablis alentours, décharné, vide, grisâtre, uniforme, avant l’éclatement des bourgeons, on espère vivement que Chablis prenne des couleurs.

Rosette, parcelle de chablis, olivier de moor

Foires aux vins :quel ennui !

C’est parti, après la foire aux cartables, la foire aux fournitures scolaires, la foire aux blancs,  les hypermarchés se lancent de plus en plus tôt dans les foires aux vins. Même le hard discount s’y met en force. A croire que nous sommes tous avec des caves vides, sitôt l’été terminé.Il semble que le phénomène prend chaque année de plus en plus d’ampleur. Il faut dire que la couverture médiatique est assez large, même à la grand messe de 20h on y voit des reportages sur la préparation des rayons.

Comment peux-t-on encore croire à l’authenticité de produits que tout le monde va retrouver partout en France, au même moment, par caisse de 6 ? Franchement, soit c’est une mode, soit le consommateur suit le troupeau aveuglement, soit nous avons perdu tout jugement réaliste et critique, surtout lorqu’il s’agit de consommer mais surtout lorsqu’il s’agit d’acheter, voir même lorsqu’il s’agit de savoir dépenser cet argent qui nous fait défaut. Parait-il !La réponse aux problèmes d’achat : dépenser mieux ! Ha oui ! mais quand ? Mais maintenant :

Oyez, oyez, braves gens, les enseignes, les médias, les guides, les forums, les blogs, tous vous disent, haut et fort, allez-y c’est maintenant qu’il faut dépenser son argent dans le vin. Vous avez 15 jours selon une période variable en fonction des magasins. Et tout le monde de se mettre à acheter du Brocard en Chablis, du Duboeuf en Beaujolais, du Gérard Bertrand en Languedoc, du  Jaboulet en Côte du Rhône, comme si c’était une super affaire !!! Quelle ennuie, tout de même ! Et je ne vous parle pas des Chateaux de Bordeaux qu’on ne sait plus si c’est encore du vin ou un placement financier. Le top ce Bordeaux : savoir dépenser cet argent qui nous manque  en investissant dans le vin hors de prix que l’on

n’ouvrira jamais de peur de perdre ledit investissement.

Il doit bien y avoir un Chatô Auchan avec pour propriétaire Monsieur Chanau (chan au…au chan), on s’amuse tant chez les grandes enseignes.

Alors contre et face à tout cela, mon conseil tient en une phrase : soyez curieux, déplacez-vous et découvrez un nouveau monde du vin vivant !

Festival de Cannes, sur la plage un petit club de vins naturels

Pour cette troisième année de festivités Cannoise, Jean Paul Rocher, Jacques Le Glou et Jerôme Aubert nous recoivent sur la Plage du Petit Club des vins naturels, entre le Carlton et le Martinez. Tous les jours durant le festival de Cannes du 13 au 23 Mai.

Décidément les vins naturels c’est de plus en plus chic !

Liste des vignerons de l’AVN participants :

Mercredi 13 mai
Elise Brignot (Touraine) 8 bis rue des Harnois 37150 Dierre Tél : 0681372824
Jeudi 14 mai
Cyril Alonso Domaine de l’Ancestra (Mâconnais) 71570 Romanèche- Thorins Tél : 0383352129
Samedi 16 mai
Alice et Olivier De Moor (Chablis) 17 rue Jacques Ferrand 89800 Courgis Tél : 0386414794
Lundi 18 mai
Marcel et Mathieu Lapierre (Morgon) Le Pré Jourdan 69910 Villié-Morgon Tél : 0474042389
Mardi 19 mai
Carole, Corinne et Olivier Andrieu Clos Fantine La Liquière 34480 Cabrerolles Tél : 0467902089
Domaine Fontédicto Bernard Bellahsen Fontarèche 34720 Caux Tél : 0467984022
Mercredi 20 mai
Sébastien Riffault (Sancerre) Route de Sancerre 18300 Sury-en-Vaux 0609634835
Jeudi 21 mai
Isabelle et Hervé Villemade Domaine du Moulin (Cheverny) Le Moulin Neuf 41120 Cellettes Tél : 0254704176
Nathalie Gaubicher et Christian Chaussard Domaine le Briseau (Jasnières-Coteaux du loir) Les Nérons 72340 Marçon Tél : 0243445853
Agnès et René Mosse (Anjou) 4 rue de la Chauvrière 49750 Saint-Lambert-du-Lattay Tél : 0241665288
Vendredi 22 mai
Françoise et Jean-Baptiste Dutheil Château Sainte-Anne (Bandol) 83330 Evenos Tél : 0494903540
Marcel Richaud (Côtes-du-Rhone) Route de Rasteau 84290 Cairanne Tél : 0490308525
Samedi 23 mai
Audrey et Christian Binner (Alsace) 2 rue des Romains 68770 Ammerschwihr Tél : 0389782320

Résidus de pesticides dans les vins bio : ça bouge enfin !

Oui, ça bouge, ça frémit. Il semble que l’étude de tests-achat commence à faire son effet. Le passage de la frontière est très lent entre la Belgique et la France mais on y arrive.

Cette étude (ici le détail) avait mise en évidence la présence de résidus de pesticides dans un échantillon de vins bio achetés en Belgique. Parmis, ces vins bio, il y avait un vin français, celui de la Chablisienne, cave coopérative en Bourgogne (ici article sur la chablisienne).
Je m’étais étonné de l’absence de toutes réactions que ce soit de la presse française, des acteurs concernés dans cette étude, c’est à dire ecocert et La Chablisienne, et des organes officiels de l’agriculture bio.
Il s’agit d’être vigilant, non pas pour à nouveau contraindre la viticulture, mais bien pour garantir un produit labellisé Bio. La consommation de ces produits bio est en pleine expansion. Il ne faudrait pas que sous l’effet de la demande du marché, les labels ne deviennent que des « arguments de vente » ! Il est donc nécessaire que la filière vin bio réagisse et fasse entendre sa voix !

Oui ça bouge, pour preuve, une petite brève publiée par Vitisphère à ce sujet en rappelant l’ouverture du salon Milesime bio à Montpellier. L’article n’est pas très engagé et la position semble de se mettre à distance mais c’est déjà pas mal pour un tel site qui est lu par l’ensemble de la profession.

Et puis, il y a cette réaction de La Chablisienne, prise sur le vif, lundi 19 janvier 2009 lors de la dégustation à Paris des grands vins de Bourgogne, par la journaliste Marise Sargis qui a rédigé ce billet en exclusivité sur son blog (Vin&Chère)

 

« La Chablisienne a deux hectares en agriculture biologique« , répond Hervé Tucki, ambassadeur de marque pour la coopérative bourguignonne qui rassemble 300 vignerons (photo ci-contre). « Le problème vient de ce que les parcelles sont étroites, tout en longueur et ont pu être contaminées par les voisins… » »Mais il serait dommage que ces résultats fassent abandonner la démarche…« , confie cet homme passionné.
On pourrait juste lui demander, au lieu de déjà nous parler d’abandonner cette démarche, forcément nécessaire, pourquoi ne pas mettre en place des procédures internes pour éviter ces contaminations. C’est dommage, en effet, d’avoir la volonté de produire bio et de constater un tel résultat sans réagir.

Des résidus de pesticides dans les vins bio

Dans la revue test-achats de décembre 2008 . n° 526, une enquête sur la présence de résidus de pesticides dans le vin, par R. Remy, M. Baert et M. Gonnissen.

Il suffit apparemment d’être en Belgique, de l’autre côté de la frontière donc, pour trouver une étude un peu plus approfondie et sérieuse sur la présence ou non de résidus de pesticides dans les vins Français mais aussi Allemand, Argentin, Chilien etc…
Si les Belges adorent le vin, il est à noter qu’ils se posent les mêmes questions que nous, mais que eux se donnent les moyens d’y répondre, de part le seul fait que la Belgique n’est pas un pays producteur de vin. Il y a paradoxalement moins de pression ou tout du moins de freins à mettre en place de telles études.

L’étude est mise en place après l’application du nouveau réglement européen du 1er Septembre 2008 ramenant le nombre de pesticides autorisés de 700 à 300. Le nouveau règlement fixe les limites maximales de résidus (LMR) autorisées sur et dans les denrées alimentaires destinées à l’homme. Cette limite est une relative à l’application des Bonnes Pratiques Agricoles. Elle ne souligne pas pour autant la toxicité d’un résidu de pesticide. Pour ce faire,  on dispose de deux indices, la dose de référence aigüe et la dose journalière admissible.
Au niveau européen, l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments a fixé une LMR pour les produits alimentaires dont le vin ne fait pas partie mais le raisin de cuve oui. C’est ensuite, à chaque état de l’union européenne de mesurer le respect de ces limites.

Le vin présentera ou non des résidus de pesticides en conséquence de l’emploi ou non de pesticides dans la vigne. On peut supposer que les vins bio n’en contiendront pas puisque, dans ce cas, les vignerons ne peuvent pas employer de pesticides, et que dans le cas de vin traditionnel, il pourra y avoir des résidus mais à une dose inférieure à la Limite Maximale de Résidus autorisées dans le raisin !

L’étude porte sur 34 vins, rouges, blancs et effervescents, issus pour moitié de l’agriculture biologique. Les vins ont été achetés sur le marché belge en mai-juin 2008. Les analyses ont porté sur la détection possible de 200 résidus de pesticides. Les auteurs précisent qu’il faut bien faire la différence entre la détection d’un résidus mesurables qui s’exprime en mg/kg ou en ppm, et, entre la détection de traces de pesticides qui s’expriment là en µg/kg. Dans le premier cas, on est certain de la présence de pesticides et de son emploi par le vigneron. Dans le second cas, on est certain de sa présence dans le vin mais on ignore sa quantité et sa provenance. Il peut s’agir alors d’une contamination depuis une parcelle voisine.

Les résultas :

Sur les Vins Traditionnel, 9 sur 17 ne comportent ni traces ni résidus. Les 8 autres contiennent de 1 à 3 résidus différents.
Sur les Vins Bio, 13 sur 17  ne comportent ni traces ni résidus.  Les 4 autres en contiennent donc.
A noter que les résidus observés sont inférieurs à la LMR fixée pour les raisins de cuve.  Les auteurs donnent en exemple le résidus le plus observé, le pyriméthanil. Sa LMR est de 1 mg/kg or la dose maximale observée a été de 0.07 mg/kg, soit 14 fois moins !

Deux conclusions à donner :

Les vins ne sont pas tous porteurs de résidus de pesticides et lorsqu’ils le sont c’est dans des quantités admissibles par les autorités européennes et très éloignées d’un quelconque danger pour la santé !
Il est anormal de trouver des résidus de pesticides dans 4 vins issus de raisins de l’agriculture biologique puisque cela prouve l’utilisation de pesticides par le vigneron. Or son cahier des charges le lui interdit et un organisme de contrôle et de certification l’a justement contrôlé pour le respecter ! On peut donc se demander si les contrôles sont réalisés correctement.

Questions Ouvertes :

Qui fera une telle étude à plus grande échelle en France sur les vins bio français afin de nous garantir la fiabilité du label Bio ?
Sachant que sur cet échantillon, le seul vin français bio à présenter des résidus de pesticides est l’un des vins de La Chablisienne, peux-t-on avoir une réaction de cette coopérative ? Comment réagissent-ils à cette étude ? Sur leur catalogue, cette cuvée n’existe plus et semble remplacée par « Dame Nature ».
Même question vis à vis de l’organisme Ecocert qui a certifié cet échantillon pour la Chablisienne. C’est tout de même délicat comme résultat !

Le tableau de Résultats des Résidus mesurables (en mg/kg ou ppm)

AGRICULTURE TRADITIONNELLE
Terres Douces 2005, Bordeaux (France, rouge) carbendazime : 0,02 fenhexamid : 0,02
Cellier Yvecourt Bordeaux 2006, Bordeaux (France, rouge) carbendazime : 0,06 iprovalicarbe : 0,01
Chablis Union des Viticulteurs 2007, Chablis (France, blanc) pyriméthanil : 0,07 fenhexamid : 0,03 iprovalicarbe : 0,01
Hilaire Rondeau Rosé d’Anjou 2007, Rosé d’Anjou (France, rosé) diméthomorphe : 0,02
Val de Uga Merlot 2006, Somontano (Espagne, rouge) carbendazime : 0,05
Gobelsburger Grüner Veltliner 2005, Qualitätswein (Autriche, blanc) azoxystrobine : 0,01 boscalide : 0,07
Riesling Classic 2007, Pfalz (Allemagne, blanc) pyriméthanil : 0,01 fenhexamid : 0,03 iprovalicarbe : 0,01
Casa Mayor Carmenère 2007, Colchagua Valley (Chili, rouge) iprodione : 0,11 fenhexamid : 0,04
Cuvée St Vincent Les Chevaliers 2006, Côtes du Rhône (France, rouge)
Cellier des Dauphins Prestige 2006, Côtes du Rhône (France, rouge)
Merlot 2007, Vin de Pays d’Oc (France, rouge)
Marquis de Marmontel, Champagne (France, vin effervescent)
Lamberti Soave 2006, Soave (Italie, blanc)
Porto ruby – port wine, Porto (Portugal, vin de dessert)
Finca Las Higueras Malbec 2007, Mendoza (Argentine, rouge)
Roodeberg 2005, Western Cape (Afrique du Sud, rouge)
Domaine du Chenoy “Butte aux lièvres” 2005, Sambre et Meuse (Belgique, rouge)

AGRICULTURE BIOLOGIQUE
La Chablisienne La Source 2004 (Ecocert), Chablis (France, blanc) pyriméthanil : 0,03
Garganega del Veneto 2006 (Biogarantie), Garganega IGT (Italie, blanc) pyriméthanil : 0,01
Vida Organica Cabernet sauvignon 2007 (Letis SA BIO), Mendoza (Argentine, rouge) carbendazime : 0,03
Nelson Bio Shiraz Oxfam 2005 (Biogarantie), Western Cape (Afrique du Sud, rouge) carbaryl : 0,02
Domaine Jean-Charles Aubert 2006 (Agriculture Biologique, Demeter), Côtes du Rhône (France, rouge)
Domaine des Coccinelles 2006 (Agriculture Biologique), Côtes du Rhône (France, rouge)
Château Haut-Pouchaud 2005 (Agriculture Biologique), Bordeaux (France, rouge)
Bordeaux Yvon Mau 2006 (Ecocert), Bordeaux (France, rouge)
Pont Neuf 2007 (Agriculture Biologique), Vin de Pays du Gard (France, rouge)
Domaine Le Verger 2007 (Agriculture Biologique), Rosé d’Anjou (France, rosé)
Champagne Fleury (Ecocert, Demeter), Champagne (France, vin effervescent)
Monasterio de Santa Ana 2006 (Consejo de agricultura ecologica Murcia), Jumilla (Espagne, rouge)
Romariz reserve ruby (Ecocert), Porto (Portugal, vin de dessert)
Josef Loimer Gemischter Satz 2005 (Austria Bio), Qualitätswein (Autriche, blanc)
Silvaner Kabinett 2007 (ECOVIN), Rheinhessen (Allemagne, blanc)
Adobe Cabernet sauvignon 2007 (IMO SCESP 004), Valle Central (Chili, rouge)
Hageling Dornfelder 2005 (Biogarantie), Hageland (Belgique, rouge)

Domaine Charriat AOC Irancy en Bourgogne

irancy village bourgogne

Sur douze hectares, le vignoble est presque entièrement planté de Pinot noir sur un sol argilo-calcaire. Un grand classique de la Bourgogne.

La particularité d’Irancy réside dans la culture d’un cépage, le césar. Il aurait été apporté dans l’Yonne par les légions romaines de César, qui apprirent la culture de la vigne aux habitants de la région.

Déceler un terroir encore injustement méconnu, sur le fameux vignoble de Bourgogne, demande beaucoup de patience et de la curiosité. Parfois même de la chance, au détour d’un raccourci en allant d’Auxerre à Chablis. Il faut aimer se perdre sur les chemins, entre les vignes, pour espérer apercevoir un magnifique paysage qui laisserait augurer d’excellentes choses.

Irancy se laisse surprendre exactement de cette façon, tiens, juste après un virage, un incroyable amphithéâtre de vignes qui encercle en contrebas le village. Une fois descendu, dans un dédale de rues toutes étroites, il semble que chaque maison abrite un vigneron et une cave.

Le Domaine Charriat se trouve juste à la sortie en allant vers Chablis. Il appartient à la famille depuis quatre siècles. René et William, père et fils, sont souvent épaulés par la mère, accueillante mais directe, qui vous entraîne aussitôt sous la maison pour déguster ces cuvées. Quand on a bien pris le temps, de se reconnaître, d’échanger, d’apprendre, d’écouter, William nous emmène, un peu plus loin, dans le fond de la cave. Il grimpe sur un immense tonneau, sombre, aussi vieux que la pierre des murs et plonge une longue pipette pour y extraire un peu de son bourru. Le liquide est rouge comme une cerise, éclatant. La première fois, ça surprend toujours, ce perlant, ces bulles, tout ce gaz qui s’échappe sur la langue. Le vin semble vouloir s’échapper, tout jeune encore, pas tout à fait dressé…

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