Boire avec Modération : visuel et communication de la filière vin

L’association « Vin et Société » a établi une série de visuel afin de promouvoir, sur les lieux de consommation du vin, la modération ! Plutôt que de subir, les professionnels de la filière préfèrent agir et proposer des initiatives en matière de communication.
Petit florilège du coup de jeune sur la « com » :

 

L’association « Vin et Société » réunit l’ensemble des organismes professionnels nationaux de la filière, à savoir :

• pour la production :
la CCVF (Confédération des Coopératives Vinicoles de France), la CFVDP (Confédération Française des Vins de Pays), la CNAOC (Confédération Nationale des Producteurs de Vins et Eaux-de-Vie de Vin à Appellations d’Origine Contrôlées) et les VIF (Vignerons Indépendants de France)

• pour le négoce :
L’AGEV (Association généraledes entreprises vinicoles)

• pour les interprofessions :
l’ANIVIT (Association Nationale Interprofessionnelle des Vins de Table et des Vins de Pays) et le CNIV (Comité National des Interprofessions des Vins à appellation d’origine).

• Présidente :
Marie-Christine TARBY-MAIRE,
Vice-président : Xavier CARREAU,
Directrice : Delphine BLANC

Source : Vin et Société

Alcool et risque de cancers : Faut-il interdire de boire du vin ?

A la suite des Etats généraux de l’alcool de 2006, l’Institut National du Cancer a demandé à un groupe d’experts du réseau NACRe (Réseau National Alimentation Cancer Recherche) de faire un état des lieux des connaissances scientifiques en vue de faire le point des connaissances sur la relation entre la consommation d’alcool et le risque de cancers. L’attention est focalisée sur le cancer. Seule la conclusion évoque les effets bénéfiques de la consommation de vin modérée sur les maladies cardio-vasculaires.

A partir de quoi a-t-on fait un état des lieux ?

Le rapport effectué montre que la relation alcool-cancer a fait l’objet d’un grand nombre d’études épidémiologiques. La recherche bibliographique a été limitée aux articles publiés en anglais et en français, entre janvier 2001 et août 2007.
C’est donc à la lecture de ces études que les conclusions sont faites et publiées :

En matière de cancer et uniquement sur ce sujet, quel est le risque de boire de l’alcool ? 
Le risque de cancers des Voies AéroDigestives Supérieures (VADS), du foie, du sein et du côlon-rectum augmente de manière linéaire avec la quantité moyenne d’alcool consommée quotidiennement. Il n’existe donc pas de dose sans effet. Autrement dit, même une consommation modérée d’alcool augmente le risque de cancers.
À partir d’une consommation moyenne de 10 g d’éthanol/jour chez la femme (soit 7 verres de boissons alcoolisées par semaine), une augmentation du risque de cancer du sein apparaît significative. A partir d’une consommation moyenne de 25 g d’éthanol/jour chez l’homme ou la femme, l’augmentation du risque devient « modeste » ou « modérée » pour les cancers du foie, du sein et du côlon-rectum; elle passe de « modérée » à « forte » pour les cancers des VADS au fur et à mesure que la quantité d’alcool augmente.
Ils en concluent alors que le risque de cancers apparait dès une consommation d’alcool, tout en avouant qu’il n’y a pas eu d’études sur les effets d’une consommation occasionnelle ! L’examen des études dans leur ensemble montre que l’effet des boissons alcoolisées dépend principalement de la quantité d’alcool apportée et non du type de boisson.

Quelle est la toxicité de l’alcool ?
L’alcool agit par l’intermédiaire de divers mécanismes:
génotoxicité de son principal métabolite (l’acétaldéhyde), solvant des cancérogènes, production de radicaux libres très réactifs, réactions inflammatoires, changement du métabolisme des folates, modification des concentrations d’hormones sexuelles.

La consommation d’alcool en France ?
Bien que la consommation annuelle moyenne de boissons alcoolisées en France soit en diminution depuis les années soixante, elle reste encore l’une des plus élevée au monde (12,7 litres d’alcool pur par habitant âgé de plus de 15 ans). Environ 12 % des adultes (6 millions de personnes) déclarent consommer de l’alcool quotidiennement, et 4 % (2 millions de personnes) déclarent consommer au moins trois verres par jour. Parmi ces derniers, seulement une faible fraction des personnes est sensibilisée aux risques liés à l’alcool. Il est donc important d’attirer l’attention des consommateurs de boissons alcoolisées (femmes et hommes) sur le risque de cancers lié à la consommation régulière d’alcool.
Pour autant, l’incidence des cancers des VADS en France diminue dans la population masculine depuis le début des années quatre-vingt, mais reste très élevée par rapport au reste de l’Europe et est l’une des plus élevée au monde.
Enfin, la répartition géographique des cancers liés à l’alcool montre des disparités régionales. Par exemple, pour les cancers des VADS, pour lesquels l’alcool et le tabac agissent en synergie, les régions les plus touchées sont la Bretagne, la Haute et la Basse Normandie, le Nord-Pas-de-Calais, la Picardie, la Bourgogne, la Champagne-Ardenne, la Lorraine et l’Alsace.

Quelles conclusions pour la santé publique ?
En matière de prévention des cancers, en l’absence de dose sans effet, la consommation régulière d’alcool n’est pas conseillée. Des actions d’information et de sensibilisation peuvent être renforcées: l’augmentation du risque étant significative même pour une consommation d’alcool modérée, avec un risque d’autant plus élevé que la consommation est élevée, il convient d’encourager les personnes ayant une consommation excessive à réduire les quantités consommées. De même, il convient d’encourager les personnes consommant régulièrement des boissons alcoolisées à réduire la fréquence de leur consommation. Dans l’état actuel des connaissances, il convient également de ne pas inciter les personnes abstinentes à une consommation régulière et modérée de boissons alcoolisées.

Ce rapport ne dit donc pas qu’il faut interdire de boire du vin ! Il donne des conseils de modération et de prévention surtout à l’attention des buveurs réguliers, et ceci en ne parlant que du risque de cancer, sans faire la même étude du côté des effets bénéfiques pour les maladies cardio-vasculaires.

Et si on remplaçait le mot alcool par le mot véhicule, et le mot consommation par le mot conduite, ça donnerait cela : cliquer ici.

Résidus de pesticides dans les vins bio : ça bouge enfin !

Oui, ça bouge, ça frémit. Il semble que l’étude de tests-achat commence à faire son effet. Le passage de la frontière est très lent entre la Belgique et la France mais on y arrive.

Cette étude (ici le détail) avait mise en évidence la présence de résidus de pesticides dans un échantillon de vins bio achetés en Belgique. Parmis, ces vins bio, il y avait un vin français, celui de la Chablisienne, cave coopérative en Bourgogne (ici article sur la chablisienne).
Je m’étais étonné de l’absence de toutes réactions que ce soit de la presse française, des acteurs concernés dans cette étude, c’est à dire ecocert et La Chablisienne, et des organes officiels de l’agriculture bio.
Il s’agit d’être vigilant, non pas pour à nouveau contraindre la viticulture, mais bien pour garantir un produit labellisé Bio. La consommation de ces produits bio est en pleine expansion. Il ne faudrait pas que sous l’effet de la demande du marché, les labels ne deviennent que des « arguments de vente » ! Il est donc nécessaire que la filière vin bio réagisse et fasse entendre sa voix !

Oui ça bouge, pour preuve, une petite brève publiée par Vitisphère à ce sujet en rappelant l’ouverture du salon Milesime bio à Montpellier. L’article n’est pas très engagé et la position semble de se mettre à distance mais c’est déjà pas mal pour un tel site qui est lu par l’ensemble de la profession.

Et puis, il y a cette réaction de La Chablisienne, prise sur le vif, lundi 19 janvier 2009 lors de la dégustation à Paris des grands vins de Bourgogne, par la journaliste Marise Sargis qui a rédigé ce billet en exclusivité sur son blog (Vin&Chère)

 

« La Chablisienne a deux hectares en agriculture biologique« , répond Hervé Tucki, ambassadeur de marque pour la coopérative bourguignonne qui rassemble 300 vignerons (photo ci-contre). « Le problème vient de ce que les parcelles sont étroites, tout en longueur et ont pu être contaminées par les voisins… » »Mais il serait dommage que ces résultats fassent abandonner la démarche…« , confie cet homme passionné.
On pourrait juste lui demander, au lieu de déjà nous parler d’abandonner cette démarche, forcément nécessaire, pourquoi ne pas mettre en place des procédures internes pour éviter ces contaminations. C’est dommage, en effet, d’avoir la volonté de produire bio et de constater un tel résultat sans réagir.

Alerte dans nos assiettes – documentaire canal plus

DIFFUSION lundi 12 janvier 2009 à 20h50
« Alerte dans nos assiettes » montre comment, en 30 ans, les Français, que l’on croyait attachés à la bonne chère et aux plaisirs de la table, se sont mis à mal se nourrir. Le film dénonce également les lobbies de l’agro-alimentaire qui sont en train de l’emporter en France, face aux enjeux de santé publique et contre l’intérêt général des consommateurs. Ces derniers sont plus que jamais menacés par les épidémies le diabète, l’obésité et autres maladies.


documentaire canal plus malbouffe

Le film
La France se croyait à l’abri des maladies de la malbouffe, protégée par ses traditions culinaires. Mais en quelques décennies, nos modes de vie ont radicalement changé et le contenu de nos assiettes avec. Comme les industriels de la cigarette hier : producteurs et distributeurs de l’agroalimentaire usent aujourd’hui de tous les moyens en leur possession pour défendre leurs intérêts commerciaux. Quitte à sacrifier des enjeux de santé publique qui nous touchent tous. On nous sert des plats tout préparés. Les produits transformés se sont imposés dans les menus et dans les micro-ondes, rendus appétissants par le marketing et la publicité. Ils sont pourtant encore souvent trop riches en sel, en sucre et en gras.
Aujourd’hui 80% de nos aliments ont subi un processus industriel. Sans s’en apercevoir, très progressivement, nous sommes tous devenus dépendants d’un mode de consommation où le contact avec les aliments bruts et naturels, s’est perdu. On l’a accepté comme une évidence parce que c’est pratique. Parce que c’est rapide.
L’enquête -d’une heure et demie- a été menée pendant 18 mois entre la France et les Etats-Unis, là où se trouvent les meilleurs éléments de comparaison, là où a justement été inventée la « malbouffe » industrielle. Là bas, un enfant sur trois est victime d’obésité et l’alerte sur les excès de sucre et de graisse dans l’alimentation a été lancée depuis longtemps. Pourtant, sous la pression des lobbies, rien n’a été fait. Et, aujourd’hui, des scientifiques s’alarment des conséquences sur l’espérance de vie qui diminuera bientôt pour la première fois dans l’histoire de l’humanité.
Vision d’anticipation de ce qui nous attend peut-être. Aujourd’hui la France mange mal et nos organismes s’en ressentent: déjà un adulte sur deux est en surpoids. Avec 8 millions d’obèses, plus de 500 000 insuffisants cardiaques, 10 millions d’hypertendus, et plus de 2 millions de diabétiques, les maladies cardio-vasculaires sont à l’origine de 170 000 décès chaque année.
L’alerte est aujourd’hui lancée par les scientifiques et les associations de consommateurs. Mais dans les coulisses du pouvoir politique, les industriels font de la résistance…

Un documentaire réalisé par Philippe Borrel
Produit par Dissident Productions avec la participation de canal+
Écrit par Philippe Borrel, Christophe Labbé, Marion Chataing et Olivia Recasens
(source canal plus et mdrgf)

Des métaux lourds, très lourds, dans le vin (suite)

J’avais émis quelques doutes sur la publication d’une étude affirmant la présence de métaux lourds dans les vins Français notamment (voir premier article). A la suite de quelques discussions, j’ai eu accès à cette information que je m’empresse de vous partager. C’est peut-être technique mais en faisant un effort on comprend bien le propos. Il s’agit bien de dénoncer cet article au contenu plus que suspect mais dans le même temps de réclamer de la filière vin en France ou des autorités sanitaires de faire ce travail. Il ne suffit pas de nous dire que nos paysans sont les plus gros consommateurs de pesticides. Il faudrait aussi savoir ce que l’on boit !!!

La traduction de cet article provient de Fabrice Delorme, président de l’association « mes 4 vérités sur le vin ».

Article: Naughton DP, Petroczi A. Ions de métaux lourds dans le vin : une méta-analyse de quotients de risque ciblés révèle des risques pour la santé. Chemistry Central Journal 2008;2:22 doi:10.1186/1752-153X-2-22. (Publication on-line le 30 Octobre 2008).

Résumé: Les auteurs affirment que les ions métalliques tels que le fer et le cuivre sont quelques uns des nutriments clés que doivent apporter les sources alimentaires. De nombreux aliments ont été évalués pour leur contribution à l’apport journalier recommandé, à la fois pour donner une indication d’nue consommation satisfaisante et pour éviter une exposition excessive. Dans le cas des ions de métaux lourds, l’accent est souvent sur l’exposition à des niveaux potentiellement toxiques d’ions tells que le plomb ou le mercure. L’objectif de cette étude est de déterminer le quotient de dangerosité ciblé (THQ) à partir de rapports donnant empiriquement les niveaux d’ions métalliques dans les vins de table, en utilisant le niveau maximum de sureté. Nous calculons les contributions au THQ de plusieurs ions métalliques, ainsi que les valeurs totales pour chaque vin.

Les valeurs de THQ ont été déterminées comme gammes à partir de plusieurs gammes de concentrations d’ions métalliques déjà publiées; elles étaient souvent très élevées. A part les vins sélectionnés d’Italie, Brésil et Argentine, tous les autres vins avaient des valeurs de THQ bien plus élevées que 1, indiquant un niveau de risqué. Les niveaux de vanadium, cuivre et manganèse avaient le plus fort impact sur les mesures de THQ. Les niveaux typiques de THQ potentiels maximums variaient de 50 à 200, avec les vins Hongrois et Slovaques atteignant 300. Les valeurs de THQ pour un échantillon de vins rouges et blancs étaient élevées pour tous les deux, avec des valeurs entre 30 et 80 pour des femmes, basées sur un verre de 250 ml par jour.

Les auteurs concluent que les valeurs de THQ calculées sont préoccupantes parce qu’elles sont principalement au dessus du niveau de sureté de THQ inférieur à 1. Il faut noter que, en absence de values maximales de sureté, les valeurs de THQ ne peuvent pas être calculées pour la plupart de ion métalliques, ce qui suggère que d’autres risques inconnus sont associés avec ces vins.

Commentaires: Ce papier a reçu une forte réponse des medias dans les 24 heures de sa publication sur Internet. Les titres incluent “Le danger pourrait se cacher dans certains vins étrangers” (LA Times), “Le danger se cache dans votre bouteille de rouge” (Times of London), “Les chercheurs mettent en doute les bienfaits pour la santé après la découverte de métaux dans le vin” (The Guardian), “Les buveurs de vin risquent le Parkinson avec chaque verre” (In the News.Co.UK), and “Etude: plusieurs vins pleins de métaux dangereux (FOX News), ce dernier ajoutant “Des chercheurs dissent que si vous êtes la sorte de personne qui boit un verre de vin, rouge ou blanc, par jour, vous êtes probablement en train de nuire à votre santé.”

On cite souvent aussi le communiqué des auteurs dans la discussion de leur papier. Les résultats de cette étude mettent en question la croyance populaire des propriétés bénéfiques pour la santé du vin rouge: que la consommation quotidienne de vin rouge vous protège des crises cardiaques en raison des niveaux de antioxydants. Cependant la découverte de niveaux dangereux d’ions métalliques, qui peuvent être pro-oxydants, porte un grand point d’interrogation sur les bienfaits protecteurs du vin rouge.

Les investigateurs ont pris des niveaux de métaux déjà publiés pour les vins de plusieurs pays, puis ils ont incorporé ces données dans une équation pour calculer le THQ (quotient de dangerosité ciblé), conçu par le EPA aux Etats Unis en 1989 afin de fournir un indice de métaux lourds dans les produits de la mer. L’équation inclut la concentration et la durée d’exposition aux métaux lourds, le sexe, la taille moyenne du corps, et d’autres facteurs dans le calcul du THW pour ces métaux.

Les données utilisées venaient de publications scientifiques, et aucun standard n’a été utilisé pour juger de la précision de mesure de ces nombreuses sources. En outre, il n’est pas démontré que le THQ est une mesure significative pour les métaux dans le vin. Le vin contient tellement d’autres substances, y compris de nombreux antioxydants qui pourraient agir en opposition aux produits d’oxydation des métaux, qu’il se peut que ce soit prématuré de mesure la dangerosité d’un seul groupe de substances.

Le problème principal de ce papier, toutefois, est qu’on ne peut pas utiliser les niveaux d’une seule substance, ou d’un groupe de substances dans le vin, pour déterminer les effets nets a long terme sur la santé.
Nous avons la chance d’avoir les données de centaines d’études prospectives épidémiologiques sur plus de 30 ans pour évaluer ces effets. Et il y a eu une remarquable uniformité dans ces rapports : une consommation modérée de toute boisson alcoolique est associée avec un abaissement du niveau de risqué de maladie coronaire, attaque d’apoplexie, et d’autres maladies cardio-vasculaires.

Sommaire profane : Des chercheurs britanniques on annoncé en juin 2008 que le vin pourrait contenir des niveaux élevés de métaux lourds. Ce rapport, publié hier sur Internet par le même groupe, a reçu une vaste couverture médiatique et émis des doutes sur les aspects bénéfiques d’une consommation modérée de vin. Certains se sont préoccupés des affirmations dans ce papier selon lesquelles “la découverte de niveaux dangereux de ions métalliques, qui peuvent être des pro-oxydants, nous oblige à douter fortement des effets bénéfiques protecteurs du vin rouge”. Cette affirmation n’est pas une conclusion logique à partir des données dans ce papier.

Les niveaux rapportés de métaux lourds devraient être étudiés plus en détail, et des mesures devraient être prises afin de réduire leurs niveaux s’ils s’avèrent trop élevés dans des études méticuleuses. Cependant les articles alarmants dans la presse profane mettant en doute les bienfaits potentiels pour la santé d’une consommation modérée sont une interprétation grossièrement erronée des résultats de cette étude, et pourraient générer une peur sans fondement chez le public. Les données épidémiologiques ont uniformément démontré que la consommation modérée est associée avec des niveaux sensiblement réduits de risque de maladie cardiovasculaire, ainsi que des niveaux réduits pour d’autres maladies des personnes âgées et pour la mortalité totale.

R. Curtis Ellison, MD
Yuqing Zhang, MD, DSc
Institute on Lifestyle & Health
Boston University School of Medicine

La vérité sur les métaux lourds dans le vin

 » Selon une étude* largement reprise par les médias et sur Internet, les vins français seraient contaminés par des métaux lourds. Or, en y regardant d’un peu plus près, il s’avère que cette étude est loin d’être fiable. Voici les conclusions des membres de l’association « Les 4 vérités sur le vin » 

Un certain nombre de commentateurs en ont profité pour laisser entendre ou simplement écrire que les bienfaits sur la santé d’une consommation modérée de vin étaient donc annulés par cette contamination. Notre groupe « Les 4 vérités sur le vin » a été alerté par plusieurs bizarreries dans cette étude et a voulu en savoir plus. Fidèle à notre méthode, nous avons voulu savoir si cette étude avait été publiée dans une revue scientifique répondant à nos critères d’Impact Factor (IF) de 5 000 et faisait partie des 10 premières revues dans sa spécialité, or cette revue, qui ne publie qu’en ligne, n’est pas encore classée, elle est sans Impact Factor car créée en 2007. Comme l’étude est en fait une méta-analyse (étude de plusieurs autres études), nous sommes allés voir comment étaient classées les études qui ont servi de base de recherche. Pour faire simple nous nous sommes contentés d’étudier les trois études qui scrutaient les vins français. Aucune de ces études n’avait été publiée dans une revue avec un Impact Factor d’au moins 5000 et aucune ne faisait partie du premier décile. Malgré tout, nous avons continué à chercher en nous disant qu’il fallait tout de même voir comment avaient été faites ces études et quels étaient leurs résultats. Nous avons été très surpris de voir qu’une des deux études qui parlait de vins non effervescents (aussi appelé tranquilles dans le jargon de la profession), l’étude slovaque, avait établi ses conclusions sur 3 vins blancs achetés dans un magasin à Bratislava : on ne pourra pas dire qu’il s’agisse d’un échantillon représentatif de la production viticole française. La deuxième étude, espagnole celle-ci, avait étudié les effervescents espagnols et français, et la méthode utilisée ainsi que l’instrument de mesure portent fortement à caution. La troisième étude est une étude portugaise où les vins français tranquilles étudiés et contaminés au plomb avaient été produits avant 1992, date à laquelle les capsules de bouchage au plomb ont été interdites justement à cause de ce risque même, les chercheurs portugais s’excusant d’utiliser de si vieilles analyses.

Conclusion 1 : au final, toutes nos craintes se sont avérées fondées : cette étude sur les métaux, en plus du parti pris de ne prendre que les vins de l’ancien monde (aucun vin des USA, Australie, Afrique du Sud ou Argentine !) n’est vraiment pas réalisée avec un protocole sérieux et les conclusions sont tout sauf fiables.

Conclusion 2 : les organes de presse anglo-saxons n’ont rien gagné à diffuser une information si peu fiable, quant aux organes de presse et blogs français ils n’ont pas brillé par leur prudence (une étude qui stigmatise seulement les vins de l’ancien monde ça ne vous parait pas curieux, Mesdames et Messieurs les journalistes ?).

Conclusion 3 : il serait temps de l’avouer : une étude dite scientifique peut tout à fait manquer de sérieux voire être de parti pris, il serait judicieux d’adopter une grille de hiérarchisation des études, le groupe « Les 4 vérités sur le vin » en propose une pour tout ce qui peut avoir une relation avec la santé humaine : publication dans une revue avec IF de 5 000 au moins et qui figure dans le 1er décile de sa spécialité; autant être très exigeant quand il s’agit de santé humaine.

Conclusion 4 : le thème santé est repris par tous les groupes français de l’agro-alimentaire (en particulier les groupes laitiers), sauf par ceux qui veillent sur la réussite de la filière vin bien sûr. C’est dommage pour la viticulture qui a pourtant là un support de communication de très grande qualité.

Conclusion 5 : nous aurions été bien inspirés de consulter les spécialistes mondiaux des aspects vin et santé (Curtis Ellison, Serge Renaud, Dominique Lanzmann et Joël de Leiris) au lieu de laisser la rumeur enfler sur les vins français, si vous voulez avoir une idée de celle-ci : faites une recherche Google ou Yahoo avec les mots clés suivants : vins français+ métaux lourds . Le bruit fait autour de cette étude est vraiment dommageable pour les vignerons français.

Conclusion 6 : on peut continuer à consommer de façon modérée du vin français et profiter de ses bienfaits sur la santé ! Nous vous invitons à consulter nos cahiers et notre blog pour avoir plus de précisions sur ce dernier point http://web.mac.com/quatreverites

Fabrice Delorme

Président de l’association « Les 4 vérités sur le vin »

http://web.mac.com/quatreverites

Vendredi 19 décembre 2008

* Référence de l’étude : Naughton DP, Petroczi A. Ions de métaux lourds dans le vin : une méta-analyse de quotients de risque ciblés révèle des risques pour la santé. Chemistry Central Journal 2008

Sudouest.com : les anglais et la consommation de vin

Dimanche 7 Décembre 2008, Sudouest.com, le site internet du fameux journal, annonce dans ses pages économie :

Les anglais n’ont jamais bu aussi peu de vin !

Le journaliste, basé à Londres, se permet quelques raccourcis,soit parce que c’est dimanche, soit parce que c’est la mode, soit la tentation d’un titre accrocheur a été plus forte que tout. Quelle est situation exacte ?

Il explique lui-même que, certes, si il y a une baisse de 0.2% de la consommation en volume, c’est dans un contexte de hausse continue de la consommation de vin depuis 15 ans, passant de 24 à 33% en matière de vente de vin par rapport aux alcools. Les Anglais boivent donc de plus en plus de vin avec, il est vrai, un arrêt très relatif de 0.2% cette année ! Pas de quoi s’alarmer ni de crier aux loups !
Il aurait mieux value expliquer la disparité de la vente de vin, français entre autre, entre les Bordeaux Grands Crus et les autres vins dont notamment les vins de pays et vins de table qui sont sur un terrain hautement concurrentiel des vins du nouveau monde !
Ensuite, il annonce que  si il y a cette baisse, « du jamais vu de mémoire d’homme » (vocabulaire emprunté aux phénomènes naturels extraordinaires), c’est en partie à cause de la crise (mot que l’on se doit d’employer systématiquement dans tous les articles depuis cet été) qui touche le porte-monaie des jeunes ! En effet explique-t-il, « ce sont les vins « bon marché », qui étaient le principal « carburant » du « binge drinking » ». Apparemment, ce journaliste n’a aucune connaissance à propos de la consommation d’alcool chez les jeunes où le vin représente une toute petite part. Il ne doit pas savoir que le binge drinking se réalise avec des spiritueux mélangés à des sodas ou boissons à base de jus de fruit. De plus, en terme d’efficacité et de prix, le vin même bon marché n’est pas bien placé pour se saouler le samedi comme il le dit !

(L’article de SudOuest)

Le vin est-il un produit à risque pour la santé ?

Le Credoc a publié une étude sur le vin, demandée par la Confédération des Vignerons Indépendants de France. Et là, le choc. Et Il en faut un pour chaque étude sinon ce n’est ni drôle ni rentable !
Le vin est reconnu par les français comme le deuxième produit présentant des risques pour la santé
A croire vraiment que la filière vin veut se faire du mal !
Je n’ai pas eu accès à l’étude dans tous ses détails mais son résumé donne quelques éclairages qu’il faut mieux lire à deux fois.
D’abord, quelle était la question ? : Selon vous les produits suivants présentent-ils aujourd’hui des risques pour la santé ?
Si 71% des français place la charcuterie en tête, un français sur deux cite le vin. Quel sens doit-on donner à cette réponse ?
Doit-on dire comme beaucoup que les français perçoivent le vin comme un produit alimentaire comportant des risques pour la santé ? J’ai des doutes !
La même étude a été faite en 2003 et en 2000. On peut suivre l’évolution. Chose étonnante en 2003, ils n’étaient que 26%.
Qu’est-ce qui peut expliquer cette évolution, plus du double, en 5 ans ? Il faut bien le reconnaitre, le vin a été particulièrement soumis à une évolution des mentalités du fait du renforcement de la répression routière et des nouveaux messages de santé publique comme celui concernant la consommation d’alcool pendant la grossesse. Le vin perdrait de son exception culturelle et se retrouverait perçu comme un alcool ordinaire. Mais à ce titre, on aurait aimé disposer des chiffres concernant l’alcool en général.
Puis en se penchant sur l’étude dans sa globalité, que penser des réponses données aux autres aliments :
En 8 ans, la volaille passe de 63 à 37% des Français considérant ce produit comme étant à risque pour la santé, la viande de boucherie de 68 à 35%, les fromages de 54 à 32% et le lait de 37 à 20%. A croire que ce n’est pas les récentes campagnes anti-ogm qui font de l’effet, ni la consommation en hausse des produits Bio, ni les études dénonçant les abus des pesticides et des engrais et la présence de métaux lourds dans nos aliments !
C’est étonnant tout de même cet effondrement de la perception de produit à risque pour la santé. Nous aurions une image plus qualitative et plus sécuritaire de ces aliments aujourd’hui ! Qu’est-ce qui peut bien l’expliquer ? Si quelqu’un a une idée ?

L’autre annonce « spectaculaire » de l’étude concerne le type de consommateur de vin. La société française a évolué et son rapport avec le vin également. Il n’est plus un aliment mais un produit de plaisir.
D’ailleurs, le vin tout venant est peu à peu remplacé par les AOC et vins de pays. Le vin de table est passé de 65 % en 1979 à 11 % de la production en 2005. En résumé, ce n’est plus l’ouvrier, le mineur et le paysan qui boit du vin. C’est le cadre qui le consomme maintenant, homme et femme !
Et oui, en passant, on découvre l’égalité des sexes aussi dans le vin, en affirmant que les femmes constituent aujourd’hui 45 % des consommateurs.

Pour en revenir à cet embourgeoisement du vin comme le dit le Credoc, il est vrai que vin et travail ne font plus bon ménage et que les politiques de sécurisation des postes de travail ont une réelle efficacité. Le vin n’est plus attaché à l’exercice d’un métier. Et puis les mineurs ont quasiment disparu, les travailleurs dans les champs aussi ! Et toute cette ancienne génération vieillissante laisse la place à une nouvelle plus sensible à l’augmentation qualitative du vin.
Alors voilà ! Du coup on consomme moins mais mieux ! Enfin, le croit-on !

Pour conclure, sortons notre tête de la bouteille et regardons maintenant quelles boissons nous consommons :

Si la consommation de vin baisse, celle des bulles et des alcools forts ne fait que progresser ! En effet, entre 2003 et 2007, si la consommation de boissons alcoolisées a baissé de 17%, celle des vins effervescents progresse de 36%, celle des spiritueux de 99% notamment pour les TGVR (Téquila, Gin, Vodka et Rhum), de 43% pour les whiskys et de 16% pour les anisés. Sinon, les consommations de boissons qui progressent le plus sont celles de thé (+64%), de chicorée (+112%), de boissons lactées (+64%) et d’eau en bouteille (+38%). Lors des repas principaux, déjeuner et dîner, le vin est de plus en plus concurrencé par l’eau en bouteille et les sodas. Mais je m’étonne ! Là où on nous dit que la consommation du vin est en baisse car il subit les assauts des ligues anti-alcooliques, de la loi Evin et des messages sanitaires, comment expliquer cette forte hausse des TGVR et des vins effervescents ? Pourquoi dans cette étude du Credoc demandée par la Confédération des Vignerons Indépendants de France, les TGVR ne sont pas soumis à la question principale du risque pour la santé ?

En conclusion, si on ne boit plus de vin quotidiennement mais avec modération, on consomme avec excès de l’alcool par à-coup, par trop plein, les jours de fête, classiquement avec des bulles et les autres moments, à la manière forte, identifiée sous le vocable de binge drinking, avec des spiritueux.
On peut même émettre l’idée que si le but recherché est bien l’effet de l’alcool, grisant et désinhibiteur, la nouvelle génération retrouve ce sucre si plaisant, si simple, si facile à reconnaitre comme dans pratiquement toutes ses pratiques alimentaires.
Nous sommes très loin du plaisir de la dégustation d’un vin, de la finesse de sa perception et de la complexité de ses saveurs.

Source : Credoc le vin, un produit à risques qui s’embourgeoise – Raphaël Berger – N° 216 – Novembre 2008