Le vin nature sent le soufre chez les vins bio… ou pas

On méconnait toujours ce que fait son voisin sachant que travailler pour sa propre chapelle c’est prendre position et parfois cette position est bien bancale et rébarbative !!!

Un bel exemple avec cette interview de Thierry Julien, président de l’AIVB-LR (L’association des Vins Bio du Languedoc Roussillon) organisateur du salon Millésime Bio, salon professionnel qui continue année après année de rencontrer un franc succès et d’attirer sur le sol du Languedoc, à Montpellier, des acheteurs du monde entier soucieux d’apporter des vins variés et certifiés bio à leur propre clientèle.

Au départ, les vignerons présents doivent être certifiés en agriculture biologique. On va donc dire qu’ils sont tous bio. Voilà une chapelle. Mais , parmi eux, comme cette certification ne prend en compte que la production de raisin bio, il y a ceux qui poursuivent l’effort en cave, lors de la vinification, ceux qui font avec les moyens modernes (levurage etc…) et ceux qui poussent la philosophie sans intrants jusqu’au bout, les natures, purs et durs, allant même à ne pas utiliser ni soufre, ni cuivre. Les clochers fleurissent !

Alors que nous dit exactement Monsieur Thierry Julien : « ici vous n’allez pas trouver de vin nature. Un vin bio c’est un vin certifié, c’est un cahier des charges qu’un vigneron a appliqué, pendant 3 ans il est resté en conversion. Un vin nature c’est un vin qui n’est pas contrôlé. On ne sait pas comment il est fait. Il faut se fier à la bonne foi de celui qui l’a fabriqué (moi : ça s’appelle un vigneron Monsieur Julien). Ca ne repose sur aucune législation. Ce n’est pas sérieux. Et in fine ça aboutit à des vins qui sont les 3/4 pas bons, qui vieillissent mal, qui évoluent très mal, très en dent de scie et qui donnent un très mauvaise image du vin bio. Un vin bio n’est pas un vin nature. Ca n’a rien à voir. Ici, il n’y a que des vins bios, des gens certifiés, qui payent leur certification et qui sont contrôlés. »
La messe est dite !

Je n’ose dire que outre effectivement la profusion de vignerons en agriculture biologique, Millesime Bio représente pour beaucoup d’entre nous un des meilleurs moyens pour retrouver et découvrir des vins « natures ». Mais peut-être ne sont-ils pas considérés comme nature puisque certifiés en agriculture biologique ?

La vidéo dans son entier, un discours plus complet que mon maigre raccourcis plus haut !

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Domaine Turner Pageot : producteur de vin bio en biodynamie à Gabian en Languedoc

Turner Pageot, un nom qui sonne bien, un peu anglo-saxon, genre vieille bagnole ou constructeur d’avion dans les années 50. A Gabian, dans ce petit village de mélange d’âmes, construit en circulade, assemblage idéal de rues pour bien tourner en rond et capter le touriste de passage, les Turner-Pageot ont élu domicile et cave. L’un avec l’autre, la maison pour y accueillir la famille grandissante, la cave pour y faire naître un projet commun : avoir son propre vignoble, ses vins bien à soi. Turner c’est le nom de Karen, œnologue Australienne, mariée à Pageot Emmanuel, alsacien de cœur. Après 10 bonnes années à « circulader » autour du monde, tantôt dans un domaine en Afrique du Sud, tantôt en Toscane, poussés par les opportunités qu’offre ce fabuleux monde du vin, les voilà maintenant solidement attachés à la terre du Languedoc.

En partie en créant un GFA, ils ont choisi minutieusement les parcelles, une à une, plutôt vieilles, privilégiant l’exposition Nord, Nord-Ouest sur un sol argilo-calcaire. Seule, une parcelle de grenache se retrouve plein sud sur un sol de schiste. Déjà, à cette étape, ils sélectionnent les vignes en fonction du vin qu’ils désirent créer : « des vins digestes, raconte Emmanuel, avec de l’amertume et de l’acidité ».

verjsu jus de raisin vert préparation culinaire

Dans la cave, nette, précise, des bouteilles contenant un liquide orange, se soutiennent, en rangs serrés, près du matériel en inox. Le mystère s’épaissit quand Emmanuel nous avoue que ce n’est pas du vin, mais qu’il s’agit de verjus !
Verjus : jus vert réalisé avec les raisins encore verts que l’on ramasse en Juillet, juste au début de la véraison du fruit, afin de concentrer la plante sur les grappes que l’on laisse sur pieds. Comme les raisins cueillis ne sont pas murs, le jus obtenu n’est pas sucré , juste un peu acide et sans alcool. Il se trouve que c’est un substitut très original pour réaliser des préparations culinaires comme des sauces, des vinaigrettes, des marinades. Selon Emmanuel, le verjus est fort réputé à l’étranger comme étant un produit spécifique de la France et de sa gastronomie. Il faudra donc, si vous êtes comme moi, nez au vent ou néophyte à nos heures, redécouvrir ce produit. Mes premiers essais en préparant, un peu à l’aveuglette, du colin (Maillard), sur un lit de tomates cerises, de cebettes et de petites grenailles, fût très apprécié.

emmanuel pageot domaine turner pageot gabian vigneron

L’autre petite bizarrerie, que j’aime à dénicher, se trouve tout au fond du jardin, derrière un mur, en passant une porte à clairvoie, dans de grands tonneaux. Adeptes du vin en Bio-dynamie, ce qui ne veut pas dire « vigneron extra-terrestre aux propos délirants », je le rappelle pour ceux qui ont toujours envie de croire que la différence de pensée s’apparente à de la magie, ils cultivent plusieurs sortes de bouillie comme des infusions d’orties et de prèles pour apporter de la vigueur à la plante au printemps, ou encore des jus d’oignon et d’ail, véritable insecticide naturel. Il faut, tout de même, pas moins de 50 kg de plantes fraîches pour 300 l d’eau. Le tout sera pulvérisé dans la vigne. Quand il le fait avec des huiles essentielles de romarin et de lavandin, il doit venir comme une bonne odeur de garrigue au nez des villageois. Par contre, je ne vous conseille pas le jus d’ortie. Saturée en potassium, en fer et en azote, l’odeur vous rappelle très nerveusement les fortes effluves d’une étable.

Mais alors le vin, dans tout ça, comment est-il ? Certifié en première année de conversion en agriculture biologique par ecocert et en bio-dynamie par demeter. Passés les formalités administratives, Emmanuel nous propose d’abord un rosé d’assemblage, avec du grenache, en saigné, et de la syrah, pressée. Très coloré, très peu soufré, c’est un entrée gamme bien épicé, à déguster sur des plats de poissons.
Ensuite, vient le moment de La Rupture, cuvée en vin de pays de l’Hérault, sublime sauvignon blanc, élevé en barrique, neuve et de quelques vins. La petite astuce alsacienne du domaine c’est de le fermenter à chaud, en plongeant une canne dans les fûts, quelques heures. Les arômes variétaux, très typés du cépage, vont être atténués. « Ca sauvignonne moins » aime à dire Emmanuel « c’est plus minéral, plus rond comme ça ».
Les rouges ne sont pas encore en bouteille mais la dégustation au pied des cuves et des tonneaux se révèle très agréable, et surprenante pour le grenache notamment.

le vin bio avance

L’Agence Bio vient de publier ses résultats d’analyse de l’agriculture bio en France en 2007.

affiche bio

L’année 2007 a été marquée par une forte augmentation des surfaces en vignes qui ont atteint
les 22 000 ha (+20% vs 2006), en légumes frais (7 433 ha ; +32% vs 2006) et en plantes à
parfums, aromatiques et médicinales.
J’espère qu’en parallèle nous aurons une annonce de la baisse de l’emploi de pesticides en France !

logo AB

Le vignoble bio en forte expansion
Avec plus de 22 000 ha en mode de production biologique, les vignes bio sont en forte
progression (+20%), dans un contexte de réduction de l’ensemble des surfaces viticoles
nationales (-2,3%). Le nombre de viticulteurs engagés a augmenté de plus de 16% (1907
viticulteurs fin 2007).
Les vignes bio ne représentent encore que 2,6% du vignoble français. En 2007, le rythme de conversion à la bio des vignes s’est accentué, si bien que plus du tiers des surfaces viticoles certifiés était en conversion.
Les trois régions qui regroupent les 2/3 des surfaces en vigne certifiées connaissent une forte
progression : Languedoc-Roussillon (6 140 ha, +16% par rapport à 2006), Provence-Alpes-Côte
d’Azur (5 294 ha, +24%) et Aquitaine (3 065 ha, +9%). La progression est également très forte
en Bourgogne (+28%) où les vignes certifiées couvraient en 2007 près de 1 000 hectares.