Vins de Pézenas Languedoc
Vendredis du Vin 62, 2014 le millésime militant résistant du Languedoc

L’hiver déprime. Il suffit d’un ciel gris menaçant, d’une température un peu basse, et c’est le désert sur le marché du samedi matin. Loin de la nostalgie, le soleil me manque. Il est le seul à pouvoir remuer toute cette masse d’ennui qui ne fait que se plaindre au lieu d’en profiter !

Pézenas a parfois des allures de ville fantôme, comme beaucoup d’autres malheureusement. Eloignement des commerces vers des zones d’activités ou la bagnole est la reine et l’apparence une vertu du low-cost et de ses dérivés.
Au cœur d’une ville, comme ici, celle pour laquelle j’ai un attachement profond, quasi viscérale, on touche du doigt l’avenir de notre pays. Nous sommes devenus un immense champ d’attraction touristique qui nous fait vivre. Si nos barreaux sont invisibles, nos contraintes sont bien réelles. Nous ne produisons plus, nous exposons.

panorama bouteilles vins pézenas languedoc aoc

Qui résiste dans ce tourbillon de la modernité ? La vigne en premier, bien que touchée, meurtrie, abîmée par la mondialisation, elle résiste, se relève. Elle est la seule à pouvoir se réjouir de produire, de la richesse, du plaisir, du lien, par millions de bouteilles. Elle tapisse un paysage de plus en plus gagné par le mauvais goût des zones résidentielles et son horrible cohorte de murs en parpaings, brutes. On voudrait que ses pieds ne soient pas arrachés ou alors pour laisser la place à une autre culture, redonnant plus d’espace à la diversité. Et la vigne, forte, se transforme irrésistiblement pour accueillir un nouveau visiteur, dit-on, un oenotouriste, un flâneur de cave, un jouisseur du nez, dans le verre, un gastronome affamé !

A ses côtés, la ville toute de pierre vêtue, a bien des atouts endormis. Que faisons-nous pour la faire vivre ?

L’année commence bien quand on y pense ! On ne peut aller que vers les beaux jours. Les rues seront bien plus vivantes et le vin sortira des caves. Alors en pensant à ce thème des Vendredis du Vin du mois de janvier (initié par Mas Coris), le vin qui m’accompagnera sans faiblir, toute cette année, et les suivantes j’espère bien, sera le vin de Pézenas, qu’il soit celui de l’appellation qui pourrait se voir honoré de disposer de son propre nom, ou un autre du moment qu’il nous enivre d’arômes et de plaisir !

Vous n’avez pas fini d’entendre parler des vins de Pézenas !

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Pézenas je t’aime ! ta culture, ton théâtre, ton vin, ton histoire
Le théatre de Pézenas

Pézenas, déjà plus de 7 ans que je traine dans tes ruelles, étroites, bordées de pierres chargées d’histoire, si silencieuse l’hiver quand le carnaval ne vient pas réveiller tes âmes vibrantes, passeurs de vies, et si bouillonnante de Pâques à la Toussaint de ce flot de visiteurs attendus et désirés.

Tout ce temps déjà à user mes semelles, à poncer tes pavés, bousculé le temps de la fête, évitant la charge d’un tamarou impulsif fendant la foule des piscénois grimés ou simplement vêtus d’un bonnet de nuit et d’un panel blanc, dans l’obscurité d’un lundi soir d’avant.

Pézenas, aux beaux jours, belle, aux terrasses accueillantes, à l’ombre recherchée d’une arrière cour, au courant d’air bienvenu dans la chaleur d’un jour d’été ensoleillé, qui expose arts, artisanats et brimborions, dans de ravissantes échoppes aux architectures préservées, majestueuses, compteuses d’histoire.

Pour demeurer réelle, sincère, authentique, pour transmettre un savoir être, pour perpétuer des coutumes, il faut tout à la fois s’arranger d’un tourisme alimentaire qui nourrit l’économie locale, partager ses rites et ses productions avec le visiteur comme avec l’habitant, et donner à chacun l’envie de vivre son Pézenas qu’il soit sportif, culturel, associatif…

Pour comprendre Pézenas, j’ai entendu 2 phrases essentielles, vives et ardentes. D’abord l’historique, celle de Marcel Pagnol, clamée en ce lieu  : « Si Jean-Baptiste Poquelin est né à Paris, Molière est né à Pézenas ! » puis celle de Jules Renard, que l’on pourrait soupçonner écrite pour elle : « Nous voulons de la vie au théatre et du théatre dans la vie » !

Oui je t’aime Pézenas, cette fois-ci au pluriel : tes cultures, tes théâtres, tes vins, tes histoires !

plafond du théatre de pézenas

caves coopératives en Languedoc Roussillon un sacré inventaire du patrimoine

« La région Languedoc-Roussillon, après avoir possédé le plus grand vignoble du monde, occupe la première place mondiale dans le domaine de coopération par la concentration exceptionnelle de sociétés coopératives agricole de vinification sur son territoire :582 coopératives vinicoles recensées, réparties sur les quatre départements viticoles (Aude, Gard, Hérault et Pyrénées-Orientales) et 109 distilleries dans l’Hérault. Au fil des crises et des restructurations, il en reste un peu plus de 300 en fonctionnement, regroupées dans une fédération régionale active. »Vous trouverez 2 médias à ne pas manquer pour partir à la découverte de ce patrimoine :

caves coopérative en languedoc roussillon
caves coopérative en languedoc roussillon

L’ouvrage « Caves coopératives en Languedoc-Roussillon » : incontournable ! Avec des photos magnifiques et de très beaux textes.  Vous le trouverez ici en ligne sur Amazon avec livraison offerte en ce moment.Un site internet très bien réalisé par la région Languedoc Roussillon avec

Alors ne venez plus me dire que c’est moche, ou alors comme certains habitants dans ses villages qui oublient ces bâtiments comme repère et qui au lieu de vous indiquer le chemin en précisant la cave coopérative vous parlent du centre commercial !!! Des néo-ruraux qui habitent à la campagne, dans ses lotissements tout neuf, sans vie, sans histoire, aux maisons sans racines, à l’isolation déplorable, toutes équipées de la clim et de la piscine ! Et pendant ce temps-là, le centre de ces villages tombe en ruine le plus souvent !

L’Unesco inscrit le repas gastronomique des Français au patrimoine immatériel de l’Humanité

Lotte à la truffe d'été
Lotte à la truffe d'été

Il va falloir se remette de si tôt derrière les fourneaux, messieurs, dames ! Levez les couleurs, allumez le gaz ! Que de responsabilité d’un coup ! Je vais pourvoir dire à ma femme ce soir qu’elle fait partie du patrimoine immatériel de l’Humanité !C’est sérieux comme info. Tandis que nous, gaullois, nous résistons face à la montée de la mal-bouffe, aux attaques des asseptisés de la nourriture sans saveur, aux pressions des industriels de tous horizons, à la standardisation de nos assiettes,le comité intergouvernemental de l’Unesco réuni à Nairobi célèbre et reconnait l’importance de cette pratique de partage et de convivialité.Ne mangez plus devant la télé !!!

C’est la première fois qu’une pratique tournant autour de l’alimentation et de la cuisine obtient cet honneur. Et ce n’est pas pour la qualité des plats mais bien pour la pratique culturelle que nous sommes mentionnés : Partage, échange, se dire « bon appétit », et bien sûr en trinquant « A la tienne ». Le vin accompagne cette pratique et devient patrimoine immatériel…on peut rêver telle reconnaissance par nous-mêmes !

Retrouvez ci-dessous un extrait de l’article publié sur le site de sfr-info. Il reprend les propos de Jean-Robert Pitte, président de la Mission Française du Patrimoine et des Cultures Allimentaires :

« C’est le fait que le repas fait partie profondément de l’identité des Français », insiste Jean-Robert Pitte qui portait ce dossier depuis trois ans. « Ça existe dans bien d’autres pays. Mais nous avons une certaine forme de gastronomie, avec ce mariage mets et vins, cette succession de plats, cette façon de mettre la table, d’en parler, qui sont spécifiquement français ».Au-delà du prestige que représente cette nomination , Jean-Robert Pitte espère bien que cela changera les habitudes des Français sur le long terme. « Il ne va rien se passer le jour-même, il n’y aura pas de pluie de truffes sur la France », tempère-t-il avec amusement. « Nous espérons d‘abord mettre le sourire sur le visage de tous les Français. La gastronomie, c’est quelque chose que tout le monde partage, il n’y a pas de différence homme/femme ou gauche/droite ».Jean-Robert Pitte espère surtout que ce sera un « sursaut culturel ». « Nous devons faire attention à ce que nous mettons dans notre assiette. Aujourd’hui, nous passons plus de temps à acheter des vêtements que de la nourriture ». (source Europe 1)

Pezenas Fête des Morts

Notre guide

N’en déplaise à notre culture aseptisée contemporaine, la mort peut se fêter…autrement qu’en achetant des chrysanthèmes aux portes des cimetières le 1er Novembre.

Pézenas, a de cette folie apparente, tirée par l’énergie de quelques uns, regroupés au sein de l’association « Le Théâtre des Origines ». Il ne s’agit pas d’un attrape touriste d’arrière saison auquel on vendrait encore un peu plus notre âme pour en vivre. Il ne s’agit pas davantage de ces agitations de façades, amicales d’anciens, traditions de folklore qui n’intéressent plus personne, pseudo fête de village regroupant le maire, ses adjoints et les assoiffés du vin d’honneur.

Non, Pézenas a de cette folie que des hommes lui donnent, sans valeur marchande, sans bénévolat, par besoin, par envie, par nécessité. Car Pézenas est en vie et fête les Morts, traçant dans les ruelles de la ville, un cortège impressionnant. Partant de la mairie, à la nuit tombée, ce samedi soir, rythmé par les tambours des musiciens d’Els Berros de la Cort, notre guide perché sur des échasses, éclairé par une lampe torche accrochée autour de sa grande canne, scande « Alegria », « Alegria », « laissez passer l’Armier, le messager des âmes, suivons-le dans lo passa, la carrièra de Martror. »

Plus de 2 heures à le suivre, à chercher ce lien qui nous unit sur ce bout de terre que nous avons tous choisi, pour y vivre, y exister et forcément y mourir. Il y a dans cette fête ce que dans le vin on parle de terroir, cet attachement à nos origines. Pézenas nous invite à lier à nouveau le visible et l’invisible, à rapprocher son passé de l’avenir que nous lui fabriquons chaque jour.

Petites Variations économiques sur le vin et sa consommation

feuille vigne

Depuis les années 2000, voir même bien avant selon les anciens, le vin semble souffrir d’une crise d’identité persistante.
Je vous propose quelques petites variations sur les données économiques afin de répondre finalement à la question qu’est-ce que le vin :

  • Un vulgaire produit agricole qui ne couvre que 3% des surfaces cultivées, alors que l’ensemble des surfaces agricoles occupe près de la moitié de notre territoire.
  • Un aliment qui se consomme de moins en moins (en baisse de 2% chaque année) et dont un tiers de la population déclare ne jamais en boire.
  • Une boisson alcoolique que l’on stigmatise de plus en plus, confondant modération et abus, dégustation et addictologie, plaisir et ivresse.
  • Un composant essentiel de notre balance commerciale en étant le deuxième poste d’excédant juste derrière l’aéronautique, mondialement reconnu comme valeur essentielle du bien vivre à la Française.
  • Un produit soumis à un plan de relance en 27 points en France et à la mise en place d’une OCM en Europe.
  • Un produit quasi industriel d’un côté, artisanal d’un autre, soumis aux progrès de la chimie et de la biologie, toujours du même côté, tandis qu’en réaction d’autres s’évertuent à le retrouver « naturel ».
  • Un produit culturel transmis, encore aujourd’hui, par plus de 150 000 exploitations dispensant des valeurs de terroirs, de goûts, de convivialité et de fraternité.
  • Un art de faire, un art de vivre, un savoir, un plaisir, un étonnant produit qui déclenche des vocations, entraine des âmes raisonnables vers des pratiques naturelles, un art qui nous unit, pour qui on voudrait tout savoir, comment le boire, comment le sentir, déguster le plus grand.
  • Et enfin, tout simplement, une bonne bouteille pour passer un bon moment, savourer le temps qui passe, partager avec un autre…

Et vous, que diriez-vous sur le vin, comme ça, à la lecture de son bilan de santé ?

Le vin : un produit culturel ?

université du vin

Qu’est-ce qui fait apprécier un vin plus qu’un autre ? Son prix, répondent certains, son goût, disent les plus avertis, ou encore son histoire, aiment dire les étrangers. Mais quelle histoire ? Celle d’un pays viticole en crise depuis plus d’un siècle ? Celle d’un paysage bucolique pour les touristes ? Celle du métier de vigneron en pleine mutation ? Après les thèmes du terroir et de la qualité, celui de la culture vient clore la trilogie de la troisième édition de l’Université de la vigne et du vin, qui se tiendra les 24 et 25 octobre à Ferrals-les-Corbières. Organisée par le Pays Corbières & Minervois et soutenue par le CIVL, cette nouvelle Université, dont on peut saluer la qualité des intervenants et du programme, s’ouvrira sur une question : « Le vin est-il un produit culturel ? »

Source : CIVL