De l’air, un peu d’air, j’étouffe. Ce thème de l’oxygène des Vendredis du vin initié par le gars deschamps (http://www.decouverte-vins.com/moi-president-des-vendredis-du-vin-60-oxygene/) me fait comme un appel d’air.
J’en manque. Inspiration, on se calme. Ca vient !
Direction la cave. J’aime son air pur. J’aime ces petits caissons d’oxygènes alignés méticuleusement, regroupés par auteur et par région, soigneusement obturés par un bouchon de liège. Ils voyagent dans le temps et transportent la vie. Incroyable petits caissons de liquide qui dès que je les ouvre m’offrent un sacré bol d’oxygène.
Ca sent des parfums incroyables, capturés et relâchés ainsi dans l’espace d’un verre de verre. Le fruit rouge domine souvent avec le fruit noir, le cassis et la fleur de cassis. Je respire un univers, alors encore les deux pieds dans ma cave, enterrée dans cette belle ville de Pézenas, voutée, faite de pierres plusieurs fois centenaires. Le passé a été saisi dans ce cocon minéral. J’ouvre une puis deux puis plusieurs bouteilles. Les odeurs se mélangent ou se combattent. Illusionniste, je diffuse des extraits de terroirs, magicien, je fais renaitre le soleil qui sucre le fruit, le vent qui caresse les feuilles, les pierres qui lestent le sol, les essences de la garrigue, rarement le bois que je fuis.
La cave enchante des parfums de la vie. Je revis enfin. Je remonte prestement à la surface, accroché à mes bouteilles d’oxygène comme un homme grenouille, un peu arrogant, (allez savoir…), sans m’essouffler, 3 étages vers le ciel, le paradis, la lumière. Ca sent meilleur par ici. Ca respire la cuisine qui transpire et s’active. Heureux homme, sur la table, je pose ces repères de verre, véritables phares pour mener à bien le repas. Autour, l’euphorie va nous gagner. Elle va nous monter à la tête, délier nos langues. On rira en se régalant d’une petite crapule, sous une nuit de lune blanche et sans manquer de puch. Ah comme c’est plaisant de vivre sous cette oxygène !
Il y a un Languedoc méconnu. Il existe encore à plusieurs endroits, entre Méditerranée et massif montagneux, des lieux magiques à découvrir. Pour peu que l’on soit amateur de vin, et même novice, simplement curieux, le Languedoc est une terre sauvage qui donne des sensations magiques.
Pour preuve, visiter le Mas du Novi à Montagnac, c’est ouvrir les yeux sur un panorama à couper le souffle. D’un côté, la beauté de l’étang de Thau, pris entre deux reliefs, Sète et le Cap d’Agde, devant la Méditerranée étirée jusqu’à l’horizon. De l’autre, à l’opposé, la plaine de l’Hérault bordée par les Cévennes, souvent couverts d’un épais manteau de nuages gris.
Le Mas du Novi surplombe l’Abbaye de Valmagne dont il fut une dépendance au 12ème siècle. Si la révolution a effacé cette partie de son histoire, il subsiste sur le domaine, une petite chapelle médiévale et un calvaire sur lequel est gravé « Siste et ora viator » : voyageur, assieds-toi et prie.
Et aujourd’hui, on dirait, « mais avant vient t’éclater à fond dans les vignes ! »
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La visite
A votre tour, voyageur, vous pouvez également venir au caveau, pour déguster librement les vins du domaine et visiter les lieux. Vous pourrez admirer les vignes et ce superbe panorama sur le littoral Méditerranéen, avant de traverser la cave, de passer devant d’immenses cuves en inox pour les plus modernes et en pierre pour les plus anciennes, qui datent du 14ème siècle et qui sont toujours utilisées, puis d’admirer la chapelle et une partie du jardin pour ensuite descendre dans le saint des saints, le chai à barriques.
A signaler, l’accueil, la visite, la dégustation sont entièrement gratuits, et c’est ouvert tous les jours de 10h à 19h, toute l’année.
La vigne
Si aujourd’hui une partie de la vigne est certifiée en agriculture biologique, le domaine travaille déjà pour passer entièrement sa production en bio. D’un seul tenant, le vignoble partage la propriété avec des bois et la garrigue, singulièrement entretenus par des chèvres et des ânes. Vent et soleil participent aussi à la qualité des raisins finalement très bien préservés dans ce bel écrin de terroir.
Les vins Vous reconnaitrez facilement les bouteilles du Mas du Novi à ce surprenant logo, ancien motif de tissu languedocien, vestige de la croix du Languedoc. La gamme des vins Pays d’Oc Indication Géographique Protégée, accessibles (de 8 à 15 euros) et gourmands, se compose d’un blanc « Lou Blanc », d’un rosé « Lou Rosat » et d’un rouge « Lou Mazet» parfait pour accompagner du cœur de canard à la plancha ou une viande rouge au barbecue. Vous trouverez aussi un excellent Chardonnay, vieilli en fût de chêne, dont le nez très amande et fruits secs saura rapidement vous charmer. Très équilibré en bouche, il s’apprécie délicieusement avec une viande blanche comme un filet de poulet fermier, une blanquette de veau, du poisson comme une dorade royale, simplement cuite au four, ou bien faite comme le directeur du domaine, Thierry Thomas, vous le cuisinez avec un foie gras poêlé.
Face à ce splendide panorama, sur les hauteurs du Mas du Novi, Thierry Thomas nous conseille de profiter de notre venue au domaine pour profiter d’un superbe lieu, le Château des Sacristains, juste à côté, à Montagnac et d’y réserver une chambre pour un prochain séjour.(http://www.chateau-les-sacristains.fr/)
Avec des vins affichant tous au moins la mention Bien (14°), le Mas du Novi assume et affirme une belle identité languedocienne. Ce n’est pas par hasard si vous retrouvez ces vins dans des établissements réputés comme La Charnière à Béziers tenue par deux anciens rugbyman ! Mas du Novi La Charnière
Route de Villeveyrac, D5 22 place Jean Jaurès
34530 Montagnac 34500 Béziers
04 67 24 07 32 04 67 36 83 10 contact@masdunovi.com lacharniere910@gmail.com
Un château me direz-vous, vous en êtes bien certain ? N’est-ce pas un peu trop ? Pour un baron sans titre comme moi, c’est un détail qui plait, et vous avez sans doute raison, au mieux c’est un superbe domaine et une belle bâtisse, à la sortie de Beaucaire sur la route de Saint-Gilles. Au bout du Languedoc, un peu au-dessus de la petite Camargue, les vignes de Mourgues du Gres s’adossent sur les Costières de Nîmes et contemplent la plaine, infinie au sud.
Quand j’arrive à destination, 2 choses attirent mon objectif d’appareil photo. Les arbres fruitiers, d’abord, qui jouent des coudes avec des parcelles de grenache, de syrah et de carignan. Les abricots garnissent les branches à cette saison et pareilles à un tableau impressionniste, illuminent les arbres, comme des lampions jaunes et orangés éclairent une terrasse un soir de fête. Ensuite, les galets ! Enormes, bruns, plus ou moins foncés, que l’on appelle des grès, apportés par le Rhône qui a, depuis, changé de couche. Au soleil, précieux et persistant, les galets, dits roulés, comme des plaques chauffantes, brûlent la peau et on s’amuse à surprendre le néophyte en lui glissant une pierre dans la main.Fort heureusement, au château, le long d’un tout nouveau sentier dit aromatique, qui nous emmène dans les vignes et les vergers, une source émerge, fraîche, garnie de bruyères, à l’ombre d’un immense platane.
La balade se poursuit vers un belvédère sur le balcon des costières. Un vent souffle. L’épiderme, perlé un peu de sueur, sèche, et nous goûtons au panorama largement ouvert vers la mer, en déchiffrant l’horizon, commenté sur de plantureuses bornes de bois.
De retour à la cave, une belle gamme de vins « bio » arrose les gosiers des patients, curieux ou connaisseurs. Anne et François Collard, les châtelains disent les plus espiègles d’entre vous, bénéficient d’une remarquable réputation, en France et à l’étranger, pour la finesse et la fraîcheur de leurs vins. Vous aimerez certainement leurs cuvées comme Terre de Feu si vous appréciez les grenaches élégants ou encore Terre d’Argence plus concentré, plus minéral et garrigue.
La vigne s’ouvre aux visiteurs. Profitez-en !
Château Mourgues du Gres
Anne et François Collard
Route de Saint Gilles
30300 Beaucaire
Vous connaissez cette maxime : « La femme est l’avenir de l’homme. » Elle m’est revenue en mémoire en allant rendre une visite au Clos Romain, à Cabrières près de Clermont-l’Hérault.
J’ai rencontré, un peu au hasard, Céline, aux traits fins, à la voix douce, aux gestes précis. Dans sa cave, comme sur le sol aride et caillouteux qui tapisse les vignes et les oliviers, elle se déplace avec son bébé sur le ventre, enroulé dans un tissu. Lui, regarde sa mère, ne dit rien mais cherche son attention, écoute sa voix, me jette un œil. Elle le rassure. J’en profite. Je me souviens de mes premiers pas de père quand, par nécessité, elle me le pose dans les bras.Le caveau, placé au bord de la route, abrite les produits du domaine : l’huile d’olive et 3 cuvées de vins rouge, chacun vinifié dans un récipient différent. C’est un peu l’histoire des 3 petits cochons : Soir d’Hiver en cuve inox, la Patiente en fût de chêne et Phidias en amphore de terre cuite. 3 époques de l’homme vigneron ! Céline me confit son souhait de ne plus faire que du vin en amphore. A base principalement de Carignan, Phidias illumine, fraîcheur, minéralité et fruit rouge. L’élevage en terre cuite se devine, délivre une atmosphère que je vous recommande. Voilà une expérience à tenter pour se faire plaisir.
L’avenir placé devant elle, je la suis, une confiance entre nous déjà nous anime, traversant l’oliveraie plantée de variétés locales, la Lucque, et de Nyons, la Tanche. En haut, sur la montagne de la Ballarade, surplombant un paysage de garrigue, elle me présente les éco-gîtes, réalisés avec des matériaux naturels, alimentés au solaire, entièrement autonome en énergie. Sans cette activité, la vie du domaine ne serait pas viable. Ca veut dire que quand vous achetez une bouteille de ses vins, le prix ne couvre pas le prix de revient. Etre ainsi vigneron nécessite d’autres sources de revenus. Pensez-y ! C’est une réalité à laquelle se confronte bon nombre de vignerons paysans de nos jours. Ici, isolés, au centre du domaine, perdus sur ces 350 ha, les visiteurs de passage s’arrêtent, font une pause, prennent une respiration, le regard lavé de nuisances, la peau rôtie au soleil. Céline, toujours assemblée de son bébé, semble caresser la terre en progressant entre les oliviers. Ce terroir garde des empreintes d’une histoire très ancienne, romaine c’est certain et même avant, avec des mines de cuivres dont l’exploitation date d’il y a 4000 ans. Je quitte l’endroit sous le soleil toujours, avec encore en bouche ce vin à la fraîcheur enivrante. On se reverra…
Clos Romain
Pour réserver le gîte, commander de l’huile d’olive, prendre rendez vous pour une dégustation de vins, une visite du domaine, connaître les heures d’ouverture du magasin …pour toute question sur les oliviers, l huile d olive, le vin, les installations photovoltaïques, contacter Romain & Céline 09 77 82 39 08
Bessières était une entreprise de négoce de vins basé à Mèze dans l’Hérault, tout au bord de l’autoroute A9. Le bâtiment était constitué de gros bloc de pierre du Gard pour conserver les vins à l’abri des variations de températures. Depuis l’autoroute, on pouvait voir l’enseigne avec une cascade animée de barrique de vin.
Le feu de la semaine dernière a tout détruit. Il est venu du plateau au-dessus, près de l’abbaye de Valmagne. Ce serait suite à un écobuage ! Pratique radicale pour désherber les bords des champs. Dans la vigne, tu balances des fongicides et à côté tu brules le plastic et le fossé avec.Il se trouve qu’en plein mois d’aout avec un vent très soutenu, au coeur de la garrigue, il fallait oser !
Ca brule entre Montpellier et Pézenas, de Montagnac à Mèze, coupant la circulation sur l’A9.Ce que l’on redoutait est arrivé, avec ce vent violent depuis 2 jours et la terre si sèche sous un soleil écrasant tout ce mois d’août, plusieurs feux se sont déclarés aujourd’hui.Parti non loin de l’abbaye de Valmagne, du Mas de Novi et du domaine Nicole de Jean Claude Mas, le feu est poussé par un vent du nord tenace, et traverse la garrigue et en parvenant même à chevaucher l’autoroute A9.Pour en savoir sur Midi Libre
Cette fois-ci, je vous incite à vous débarrasser de vos a priori, de tout ce qui peut gêner à la compréhension d’un nouvel univers, à vous mettre à nu, prêt à entendre ce qui sera la norme, demain, quand les hommes auront enfin mûri.Je vous emmène, comme en voyage, au centre de la terre, sur un sol tapis de schistes, pierres plates, effilées, émiettées, aux reflets bleus et gris, dans le vignoble de Faugères. La méditerranée, derrière vous, au-delà de Béziers, souligne l’horizon. Devant, les premiers contreforts des Cévennes torturent le paysage, fait de vallons et de coteaux, traversé de ruisseaux en contrebas, coloré de chênes et de garrigue, couvert de ceps, toujours alignés, en rang serrés. L’hiver perdure et certaines vignes, toutes ébouriffées dans le vent, n’ont pas encore perdu de leur chevelure.Si l’appellation a ses classiques, il suffit de s’écarter de la grand’route pour découvrir un domaine atypique comme le Clos Fantine, au lieu-dit La Liquière. Le père, postier de son état, à la belle époque, a démarré l’aventure en investissant dans les vignes de sa terre natale.
Aujourd’hui, sur 24 ha, ses 3 enfants, Carole, Corine et Olivier, éprouvent le métier comme un artiste travaille l’expression de son talent : par intuition. Néanmoins, ils ont déjà des certitudes comme celle-ci: « C’est la nature qui commande et c’est à l’homme de savoir s’y adapter et de comprendre qu’il forme un tout avec elle, sans se prendre pour un prédateur ». Chaque saison, ils se mettent à l’épreuve avec leurs vignes et pratiquent le vin au naturel. Ce n’est pas un retour au passé. Ce n’est pas fuir le progrès. Ce n’est pas seulement refuser l’usage de pesticides et d’engrais. C’est, au contraire, une volonté farouche d’aller de l’avant et d’expérimenter des procédés naturels pour la culture de la vigne. A ce point qu’ils vont, par exemple, jusqu’à ne pas utiliser de cuivre pour traiter ce fichu mildiou, qui, plus que jamais, en 2008, a sérieusement compromis la production de raisins à travers tout le pays. Seul le carignan nécessite, selon eux, un traitement avec de la fleur de soufre et une algue, le Lithotame.
Au printemps, ils ont pu observer que le tapis végétal, c’est-à-dire l’herbe, les fleurs, en émergeant, donne une couleur particulière au sol qui sera différente en fonction du climat de l’année. Violette ce sera le signe de bactéries. Vert celui des champignons etc…
Ils considèrent les parcelles comme le sous-bois d’une forêt, autonome, et le raisin comme un fruit sauvage, en équilibre dans la nature depuis des millénaires. Si, en traversant les vignobles d’aujourd’hui, bien peignés, figés, tout débarrassés d’incertitude, on remarque aisément les efforts et les effets des hommes, on ignore ce monde invisible pour nos yeux. Ce vivant que l’agriculture moderne s’acharne à exterminer.
Dans le monde du Clos Fantine, c’est le vers de terre qui donne son authenticité au vin, ce sont les champignons qui naissent dans le sol qui vont permettre la vinification en cave. Mais quel travail, ils se donnent là, ces trois là, à écouter et observer les vignes : « On coupe le raisin à la main, on le sent, on le touche, on voit quand le raisin doit être vendangé ou pas. On veut garder la fermeté de la nuit, la fraîcheur du fruit, son acidité naturelle, ce qui va relever le vin, en bouche, le faire s’éterniser sur le palais »
Les jus, en cuve, prennent leur temps pour fermenter, jusqu’à 2 ans. Impensable pour beaucoup de faiseurs de vin, quand, pour eux, les techniques modernes les autorisent à finir un vin en moins d’une semaine.
La gamme du domaine se répartit en 4 vins rouges, entre 8 et 20 euros, dont 2 AOC et 2 vins de table. A l’ouverture des bouteilles, pensez à carafer le vin. Le naturel, sans soufre ajouté ou en très petite quantité, exige en contrepartie de garder le gaz carbonique qui se dégage à la fermentation pour une meilleure conservation. Le carafer, c’est l’aérer. C’est-à-dire ôter le gaz qui donnera toujours en bouche ce « frisant », plaisant pour certains et surprenant pour ceux qui le goutent pour la première fois. Mais le carafer, c’est aussi lui donner de l’oxygène, le placer dans l’ambiance du repas et le faire vivre avec vous. Boire c’est partager une énergie !
Le Clos Fantine vous donne le choix entre des cuvées fidèles aux règles de l’appellation Faugères comme la cuvée Courtiol, subtil assemblage différent chaque année, et des cuvées d’expression, plus personnalisées, plus atypiques, en liberté sur la table. Mon conseil : Laissez-vous tenter par chuuuuu…t, un pur Mourvèdre, de différents millésimes, ou par La Lanterne rouge, frissonnante de fruit.
L’accès au domaine se mérite. Il faut faire une véritable enquête dans le village de Cournonterral avant de trouver la route qui mène au vignoble. En quittant la route goudronnée, face à ce panneau de bois, où l’on peut lire «Comberousse 2 km», il vaut mieux être équipé d’un bon 4×4. Il s’agit de traverser un territoire de chasse, au milieu de la garrigue, en suivant un interminable chemin caillouteux.
Finalement, l’isolement du vignoble n’est pas fortuit. Il semble à l’abri de toute intrusion extérieure. Ses 14 ha de vignes, exposées au sud-est, entièrement clôturés, le préserve des sangliers comme de la modernité. Le plateau, plus haut, qui surplombe le domaine, amène de la fraîcheur à la vigne qui en a bien besoin les soirs d’été.Les Reder, père, et fils maintenant, ne produisent que du blanc : par défi ! Les cépages sont originaux et dès le début de la dégustation, on entre dans un nouvel univers.La cuvée Roucaillat, un assemblage de roussane, rolle, grenache, cépages typiquement méditerranéens pour un vin rare, travaillé sur une note oxydative. Une cuvée intrigante que vous aimerez déguster entre amis. A boire sans attendre par curiosité pour se changer les papilles.
Manuel-Franck Jorel parle du concept d’extensivité et nous explique sa différence dans l’approche de la vigne : « Moi, je travaille en culture extensive, c’est à dire que je recherche le plus faible rendement : 15 hectolitre/ha. De ce fait, je n’utilise aucun produit chimique et j’essaye d’intervenir le moins possible dans mes vignes. Mais c’est limite. Il faut faire attention parce qu’avec ce sol de pierres, de schistes, le peu d’herbe qui pousse ne doit pas faire trop de concurrence. » Alors même si ses coteaux sont assez pentus et raides, il doit labourer entre les rangs. « L’idéal ce serait de le faire avec une mule. C’est l’animal le plus adapté pour ce que je veux faire. Le cheval serait trop puissant et c’est beaucoup plus compliqué à manœuvrer. »
Du haut de ses parcelles, en pleine garrigue, Monsieur Jorel aime raconter son terroir, celui de Maury, superbe AOC située sur l’ancienne frontière entre l’Occitanie et la catalogne, à l’endroit même où les plaques africaine et européenne se sont chevauchées, il y a plus de 100 Millions d’années. Cela explique une telle variété de sol, dans cette cuvette, avec principalement du schiste, signe d’une friction de la terre, du granite plus au sud sur les hauteurs et du calcaire en coulée, plus au nord, au pied du célèbre château de Quéribus.
Le vignoble de Maury présente l’avantage d’avoir su reproduire ses grenaches le plus possible par sélection massale, c’est à dire greffés sur place, et non pas par plantation de clones. C’est technique peut-être mais sachez que c’est un atout majeur pour garantir l’authenticité de ce terroir que beaucoup leur envie. A Saint-Paul-de-Fenouillet, dans la cave du domaine, il faudrait presque être en tenue de spéléologue pour entrer dans la partie la plus basse, sous la maison, sous le village, revenir en 1620 dans les anciens souterrains menant au chapître de l’Abbaye. Là, se repose religieusement quelques fûts, noircis par l’humidité. Rien à voir avec les chais modernes où s’ennuient des légions de barriques neuves, toutes propres et aseptisées. Les vins sont élaborés sans intrants, avec les levures du raisin et un minimum de sulfites.
Outre un délicieux vin doux naturel en Maury AOC, j’ai adoré son Pétaillat, un 100% Grenache noir à mettre sous clés.
Cette fois-ci, je vous incite à vous débarrasser de vos a priori, de tout ce qui peut gêner à la compréhension d’un nouvel univers, à vous mettre à nu, prêt à entendre ce qui sera la norme, demain, quand les hommes auront enfin mûri.
Je vous emmène, comme en voyage, au centre de la terre, sur un sol tapis de schistes, pierres plates, effilées, émiettées, aux reflets bleus et gris, dans le vignoble de Faugères. La méditerranée, derrière vous, au-delà de Béziers, souligne l’horizon. Devant, les premiers contreforts des Cévennes torturent le paysage, fait de vallons et de coteaux, traversé de ruisseaux en contrebas, coloré de chênes et de garrigue, couvert de ceps, toujours alignés, en rang serrés. L’hiver perdure et certaines vignes, toutes ébouriffées dans le vent, n’ont pas encore perdu de leur chevelure.
Si l’appellation a ses classiques, il suffit de s’écarter de la grand’route pour découvrir un domaine atypique comme le Clos Fantine, au lieu-dit La Liquière. Le père, postier de son état, à la belle époque, a démarré l’aventure en investissant dans les vignes de sa terre natale.
Aujourd’hui, sur 24 ha, ses 3 enfants, Carole, Corine et Olivier, éprouvent le métier comme un artiste travaille l’expression de son talent : par intuition. Néanmoins, ils ont déjà des certitudes comme celle-ci: « C’est la nature qui commande et c’est à l’homme de savoir s’y adapter et de comprendre qu’il forme un tout avec elle, sans se prendre pour un prédateur ». Chaque saison, ils se mettent à l’épreuve avec leurs vignes et pratiquent le vin au naturel. Ce n’est pas un retour au passé. Ce n’est pas fuir le progrès. Ce n’est pas seulement refuser l’usage de pesticides et d’engrais. C’est, au contraire, une volonté farouche d’aller de l’avant et d’expérimenter des procédés naturels pour la culture de la vigne. A ce point qu’ils vont, par exemple, jusqu’à ne pas utiliser de cuivre pour traiter ce fichu mildiou, qui, plus que jamais, en 2008, a sérieusement compromis la production de raisins à travers tout le pays. Seul le carignan nécessite, selon eux, un traitement avec de la fleur de soufre et une algue, le Lithotame.
Au printemps, ils ont pu observer que le tapis végétal, c’est-à-dire l’herbe, les fleurs, en émergeant, donne une couleur particulière au sol qui sera différente en fonction du climat de l’année. Violette ce sera le signe de bactéries. Vert celui des champignons etc…
Ils considèrent les parcelles comme le sous-bois d’une forêt, autonome, et le raisin comme un fruit sauvage, en équilibre dans la nature depuis des millénaires. Si, en traversant les vignobles d’aujourd’hui, bien peignés, figés, tout débarrassés d’incertitude, on remarque aisément les efforts et les effets des hommes, on ignore ce monde invisible pour nos yeux. Ce vivant que l’agriculture moderne s’acharne à exterminer.
Dans le monde du Clos Fantine, c’est le vers de terre qui donne son authenticité au vin, ce sont les champignons qui naissent dans le sol qui vont permettre la vinification en cave. Mais quel travail, ils se donnent là, ces trois là, à écouter et observer les vignes : « On coupe le raisin à la main, on le sent, on le touche, on voit quand le raisin doit être vendangé ou pas. On veut garder la fermeté de la nuit, la fraîcheur du fruit, son acidité naturelle, ce qui va relever le vin, en bouche, le faire s’éterniser sur le palais »
Les jus, en cuve, prennent leur temps pour fermenter, jusqu’à 2 ans. Impensable pour beaucoup de faiseurs de vin, quand, pour eux, les techniques modernes les autorisent à finir un vin en moins d’une semaine.
La gamme du domaine se répartit en 4 vins rouges, entre 8 et 20 euros, dont 2 AOC et 2 vins de table. A l’ouverture des bouteilles, pensez à carafer le vin. Le naturel, sans soufre ajouté ou en très petite quantité, exige en contrepartie de garder le gaz carbonique qui se dégage à la fermentation pour une meilleure conservation. Le carafer, c’est l’aérer. C’est-à-dire ôter le gaz qui donnera toujours en bouche ce « frisant », plaisant pour certains et surprenant pour ceux qui le goutent pour la première fois. Mais le carafer, c’est aussi lui donner de l’oxygène, le placer dans l’ambiance du repas et le faire vivre avec vous. Boire c’est partager une énergie !
Le Clos Fantine vous donne le choix entre des cuvées fidèles aux règles de l’appellation Faugères comme la cuvée Courtiol, subtil assemblage différent chaque année, et des cuvées d’expression, plus personnalisées, plus atypiques, en liberté sur la table. Mon conseil : Laissez-vous tenter par chuuuuu…t, un pur Mourvèdre, de différents millésimes, ou par La Lanterne rouge, frissonnante de fruit.