La Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique (FNAB) a réagi à la suite du projet de F1 qui pourrait voir le jour près de Flins dans les Yvelines, chassant des paysans tout juste installés, en bio ou qui doivent engager leur conversion dans les prochains mois.
Pour soutenir le GAB Ile de France, son Groupement régional, les paysans concernés et toutes les associations locales contre ce projet, la FNAB a écrit aux 3 ministres concernés par cette décision, dangereuse pour la nappe phréatique, et incompréhensible dans le cadre du développement de la bio voulue par le gouvernement. Le courrier a reçu le soutien de plusieurs organisations nationales de défense de l’environnement.
Voici le contenu de la lettre :
A MM Fillon, Borloo et Barnier
Paris, le 16 janvier 2009
Monsieur le Premier Ministre,
Monsieur le Ministre d’Etat,
Monsieur le Ministre,
Il avait fallu 7 mois à la profession agricole pour convenir d’installer, avec le concours de l’Agence des Espaces Verts du Conseil régional de l’Ile de France, 3 agriculteurs sur 140 ha à Flins-sur-Seine et aux Mureaux (78). Après une étude agronomique de sols et une étude de faisabilité technico-économique, le comité technique de la SAFER, organisme chargé de l’aménagement et du développement de l’espace rural, avait tranché mi-octobre et désigné 1 céréalier et 2 maraîchers pour reprendre la ferme de la Haye. Il aura fallu quelques semaines pour détruire ce beau scénario, au profit d’un circuit automobile de formule 1. Les 3 agriculteurs, avaient commencé à cultiver les terres… et les voilà menacés de devoir mettre la clé sous la porte.
L’Ile de France est une région où le foncier agricole se fait très rare. Même si les projets finalement choisis n’étaient pas, de notre point de vue, les meilleurs présentés – un projet de « couveuse » pour maraîchers bio avait notamment la préférence des agrobiologistes et des associations citoyennes -, le maintien d’une activité agricole réjouissait non seulement les agriculteurs, mais également l’usine des Yvelines qui participe à l’approvisionnement en eau potable de la moitié des Yvelines et des Hauts-de-Seine (400 000 consommateurs), puisque ces terres se trouvent sur son champ captant, et que les nouveaux installés s’engageaient à se convertir de façon progressive à l’agriculture biologique.
Le Grenelle de l’environnement a proposé de tripler la surface agricole en production biologique pour 2013 : même si la loi Grenelle 1 n’est pas encore votée, les parlementaires ne semblent pas vouloir remettre en cause cet objectif ambitieux. L’Ile de France notamment, fait partie des zones sinistrées en matière de production biologique, alors qu’elle est le bassin de consommation le plus important en France : 4 405 ha en production biologique étaient recensés en 2007, soit 0,8% de la SAU de la région. Ces 140 ha passant en bio constitueraient le plus grand domaine bio de l’Ile de France, et couvriraient 2% des 8 810 ha à convertir pour 2013 si la région veut suivre le mouvement national : dans un environnement où les terrains agricoles et les installations sont rares, ce n’est pas négligeable.
Par la présente, nous nous déclarons solidaires du collectif Flins sans F1, et vous demandons d’agir selon vos compétences respectives, ou d’user de votre influence afin :
· que soient abrogés les deux arrêtés préfectoraux du 21 octobre 2008, plaçant l’actuelle « Ferme de la Haye » en zone d’aménagement différé (ZAD). Ces arrêtés passent outre le schéma directeur de la région Ile de France, destiné à préserver les terres agricoles, passent outre la décision de la SAFER et passent outre le fait que ces terres sont normalement non constructibles et réservées à un usage agricole. Ils ont été pris pour plaire au Président du Conseil général des Yvelines, au mépris du refus des riverains des terres concernées ;
· que l’Etablissement Public Foncier des Yvelines, dépendant du Conseil général, retire sa préemption des terres de la Ferme de la Haye, et abandonne son projet d’implanter un circuit de formule 1 à cet emplacement.
Il en va de la crédibilité du Grenelle de l’environnement, de la qualité de l’eau des Franciliens, du maintien d’activités agricoles dans la région-capitale, et de la satisfaction des besoins des consommateurs de cette région.
Ce courrier a reçu le soutien d’Agir pour l’environnement, d’Adéquation, du Mouvement pour le droit et le respect des générations futures. Par ailleurs, Alliance pour la planète a déclaré le projet « Grenello-incompatible », et c’est bien sûr notre point de vue.
Veuillez croire, Monsieur le Premier Ministre, Monsieur le Ministre d’Etat, Monsieur le Ministre, en l’expression de notre très haute considération.
Certains d’entre vous m’ont demandé d’être critique vis-à-vis du documentaire Nos enfants nous accuseront. J’attendais d’avoir vu le film, hier soir, au cinéma le molière à Pézenas, suivi d’un débat avec la présence de quelques « acteurs » dont deux enfants, l’institutrice Marie-Pierre Brusselle, un père de famille, le cuisinier de la cantine de Barjac et deux représentants de la mairie de Barjac.
Je souhaite sincèrement que cet article sera lu par le plus grand nombre pour vous inciter à aller voir ce film et à comprendre l’urgence de « Manger Bio » !
A propos du film : Vous allez très vite me classer dans le camp des partisans du Bio car je vous l ’avoue, j’ai adhéré entièrement à la rhétorique du scénario ! Les points fondamentaux du film sont :
Un conseil municipal qui décide de passer sa cantine en bio en démarchant les producteurs locaux et en leur créant une demande locale, en circuit direct, ceci afin de servir des repas aux deux écoles de Barjac, à la maison de retraite et aux personnes âgées prises en charge par les services de la mairie. Manger bio c’est impliquer les cuisiniers, leur redonner l’envie de faire à manger et non uniquement d’ouvrir des boites. C’est vouloir que le tissu économique local en profite au lieu de commander de la nourriture qui fait plusieurs centaines voir milliers de km avant d’arriver dans les cuisines et les assiettes. Le crédo du maire est simple : « c’est une prise de conscience. On a voulu faire passer notre cœur avant de faire passer le comptable…regardez pour le sang contaminé, par exemple, on n’a pas voulu chauffer le sang parce que ça avait un cout. Vous avez vu le résultat ».
Une école qui implique les élèves jusqu’à faire un atelier jardinage et faire pousser ses propres fruits et légumes, non pas pour fournir la cantine mais bien pour donner une nouvelle dimension aux aliments. L’objectif a été de manger bio et de faire voir aux enfants ce que c’est qu’un légume, un fruit, d’où il vient, comment il pousse, comment on le ramasse, comment on en prend soin. Et c’est bien évidemment un geste d’implication énorme qui a fortement marqué les enfants. Manger Bio c’est avoir une autre idée de son assiette !
Des familles du village de Barjac qui sont passées, par contamination, à une alimentation bio. Les enfants ont transmis le message. Le surcout du bio s’équilibre par une prise de conscience de la rationalité de l’alimentation, par une gestion plus honnête de ses achats, sans gaspillage, sans superflu. Et puis, c’est une démarche globale de respect du vivant, de la terre de soi et des autres. « Manger bio c’est se sentir moins con ».
Des agriculteurs bio qui parlent de leur métier et nous font comprendre des choses simples comme l’intérêt d’avoir une terre vivante pour avoir un fruit ou un légume sain ! Superbe démonstration, en compagnie du journaliste Perico Légasse, à la jonction de deux parcelles de vignes. L’une est en bio, l’autre non. A l’aide d’une bêche, on retourne la terre pour voir comment elle se compose. La différence est inquiétante. Sur la parcelle de la vigne conventionnelle, la vie est totalement absente. Aucun vers de terre, la terre compactée se trouve sous forme de strates stériles. Rien ne peut pousser la-dedans, c’est évident ! On nous fait également observer la différence de niveau entre les deux parcelles. Sans vie, le sol de la vigne conventionnelle perd de sa substance argileuse, l’eau emporte la terre, au lieu de l’imbiber et d’irriguer la plante. Le sol s’est affaissé de 30 cm environ. Alors on comprend que cette culture est une culture « hors sol », qui ne fonctionne que par utilisation d’engrais chimiques. On est très loin du terroir !!! Une autre conséquence est que la plante est plus exposée aux maladies et il faudra donc en permanence la traiter pour les combattre. Notre campagne est un vaste laboratoire à ciel ouvert et nous en prenons tous à pleins poumons ! Manger Bio c’est respecter le vivant.
Et puis, plus fondamentalement, il y a toute la partie sur les effets néfastes de cette agriculture moderne, conventionnelle, qui est largement expliquée et démontrée, par les interventions de plusieurs scientifiques lors d’une conférence à l’Unesco et par les témoignages d’habitants de Barjac qui ont affronté des cancers, que ce soit les agriculteurs ou les enfants. Ce sont des passages très émouvants comme celui de cet agriculteur que l’on voit sur son tracteur, casqué comme un cosmonautes, qui balance derrière lui, une pulvérisation de pesticides pour traiter ses arbres fruitiers. C’est une scène surréaliste ! Son témoignage c’est l’histoire classique, malheureusement, des agriculteurs modernes, confrontés aux conséquences de l’utilisation des produits chimiques, pour eux-mêmes et leurs enfants. Ce sont des phrases, comme celle entendue par cette agricultrice, à qui un conseiller agricole a dit « Vous êtes une femme exploitante, faites attention à l’utilisation des traitements » parce qu’elle sera susceptible de mettre au monde un enfant qui présentera des complications. Manger Bio c’est se prémunir des risques de contamination !
Et puis il y a tous ces chiffres affligeants sur l’agriculture d’aujourd’hui :
D’après l’Institut Français de l’environnement (IFEN) on trouve des résidus de pesticides dans 96% des eaux superficielles et dans 61% des eaux souterraines en France.
Un nouveau-né présente dans le sang des traces d’environ 300 produits chimiques !
Chaque année en Europe, 100 000 enfants meurent de maladies causées par l’environnement.
70% des cancers sont liés à l’environnement dont 30% à la pollution et 40% à l’alimentation.
Chaque année en France, on constate une augmentation de 1.1% des cancers chez les enfants.
En France, l’incidence du cancer a augmenté de 93% en 25 ans chez l’homme.
A propos du débat :
A Pézenas, qui est une ville d’environ 9000 habitants, avec pas moins de 4 écoles, 2 collèges, 2 crèches et 3 lycées, immergée en plein cœur d’Hérault et entourée de vignes, en grande majorité « hors-sol », il y a de quoi faire, montrer la voie. Pour l’instant, les initiatives pour proposer une alimentation bio sont personnelles. Les représentants du conseil municipal n’ont pas vraiment convaincu. On a eu droit, au vocabulaire habituel, du style de ceux qui n’ont encore rien fait : « nous avons le projet de… », « nous nous félicitons du travail et de la volonté de … ».
Mon propos n’est pas de critiquer mais bien de réclamer, comme je crois l’ensemble des personnes présents dans la salle, une réalisation effective afin d’avoir une restauration collectives bio ! Et cela aurait un impact également immédiat sur l’agriculture locale.
L’argument de dire qu’aujourd’hui il n’y aurait pas assez de produits bio pour répondre aux besoins de la restauration collective d’une ville comme Pézenas est absurde !!! On peut appliquer le même raisonnement au département et à la région ! Soyez efficace ! Vous avez les moyens de faire changer les choses en faisant croitre la demande et donc le marché pour les produits Bio !
Axe de progrès :
Un des intervenants, à la fin du documentaire, lors de la réunion à l’Unesco, avance l’idée suivante : Au lieu de subventionner les agriculteurs européens, à hauteur de 9 Milliards d’euros, nous devons financer le passage des restaurations collectives à une alimentation bio, ce qui aura pour impact direct de créer une demande et un marché pour les produits bio. Ce qui entrainera donc un revenu immédiat et concret pour les agriculteurs, qui remplacera les subventions pour ces mêmes agriculteurs ! C’est aussi simple que cela ! Qu’attendons-nous pour faire passer le message à nos élus ?
Conclusion : « Il faut cesser de remplacer nos paysans dans les campagnes par des molécules chimiques. » « L’enfance est aujourd’hui en danger. Le problème aujourd’hui n’est plus de dire si on a des preuve. Les preuves, elles existent ! Il manque la volonté politique ! »
Programmation en France suivi d’un débat (renseignez-vous !) – Amiens, le 12 janvier au Cinéma Saint-Leu – Autun, le 13 janvier au Cinéma Arletty
-Thionville, le 14 janvier au Cinéma municipal La Scala
-Muret, le 16 janvier au Cinéma le Mermoz
-Malakoff, le 23 janvier au Cinéma Marcel Pagnol
-Chartres de Bretagne, le 26 janvier au Cinéma Espérance
-Dinan, le 31 janvier au Festival Vivarmor Nature qui a lieu du 30 janvier au 1er février au Cinéma du Grand Large. Contact : Jérémy Allain, directeur : 02 96 33 10 57/ 06 27 47 49 94
-Bron, le 1 Février au Festival “Drôle d’endroit pour des rencontres” au Cinéma Les Alizés.
-Rambouillet, le 5 février au Cinéma Vox
-Graulhet, le 6 février au Cinéma “Les temps modernes”
-Vaucresson, le 8 février au Cinéma Normandy
-St-Ouen, le 9 février à l’Espace 1789
-Evreux, le 19 février- Journée de conférence avec Guillaume Llorca, François Veillerette et Jean-Paul Jaud puis Projection au Cinéma Zénith. Renseignements: Thierry Vieillard: 02 32 29 15 35
-Lisieux, le 27 février au Cinéma Le Majestic
-Florac, le 6 mars, Cinéma itinérant
-Orléans, le 9 mars au Cinéma les Carmes
-Bréal sous Monfort, Ciné35 en Fête, le1 avril
-Romillé, Ciné35 en Fête, le 2 avril
-Marseille, le 3 avril au Pharo
-Bain de Bretagne, Ciné35 en Fête, le 3 avril avec Béatrice Jaud
-Saint-Aubain de Commier, Ciné35 en Fête, le 4 avril avec Béatrice Jaud
-Châteaubriant, le 5 avril au Festival
-Agelès sur Mer, le 10 avril au Festival Enfants de la mer. Sur trois journées Contact Marie-Pierre Bey Sautai 06 10 25 18 39.
-Chateaubriant, le 5 avril au Cinéma Atlantic Ciné
-Lyon, le 21 avril au Cinéma le Comédia
-Bastia, le 13 juin au Cinéma Le Studio.
La courageuse initiative d’une municipalité du Gard, Barjac, qui décide d’introduire le bio dans la cantine scolaire du village. Le réalisateur , Jean-Paul Jaud, brosse un portrait sans concession sur la tragédie environnementale qui guette la jeune génération : l’empoisonnement de nos campagnes par la chimie agricole (76 000 tonnes de pesticides déversées chaque année sur notre pays) et les dégâts occasionnés sur la santé publique. Un seul mot d’ordre : Ne pas seulement constater les ravages, mais trouver tout de suite les moyens d’agir, pour que, demain, nos enfants ne nous accusent pas.
Sortie le 05 Novembre 2008.
Le Conseil Général du Gard :
Le Conseil général du Gard partenaire du documentaire «Nos enfants nous accuseront», agit et s’engage au quotidien pour développer une agriculture durable sur son territoire.
Sur la période 2001-2007, le Conseil général du Gard a consacré près de 31 millions d’euros pour l’agriculture gardoise, avec notamment des actions pour le respect de l’environnement, la qualité des produits et le développement de l’Agriculture Biologique (AB). Le Gard : bientôt 1er département français Bio
Depuis plus de 10 ans, à la demande de Damien Alary, président, le Conseil général aide l’agriculture bio afin de structurer l’offre et de développer une agriculture bio de proximité.
La municipalité de Barjac :
Faites bien attention à ce que nous dit Monsieur Edouard Chaulet, le Maire de Barjac :
«Nos enfants s’empoisonnent… Nous les empoisonnons. Cessons de faire cela ! Les élus locaux ont des responsabilités, ils doivent les prendre en matière d’hygiène publique.»
«On a pris une décision politique ! Et non une décision comptable… On comptera après !»
«Rien n’est trop sain, rien n’est trop bon, rien n’est trop beau pour nos enfants…»
Source :
Interventions d’Edouard Chaulet lors à l’occasion d’un entretien avec Périco Légasse (hebdomadaire Marianne), à l’école auprès des parents d’élèves, lors d’une conférence débat au cinéma municipal de Barjac, lors des voeux de nouvel an.
Interventions extraites du film «Nos enfants nous accuseront» disponibles sur www.unplusbio.org, liens à partir des rubriques «A la Une» et «Mon projet manger Bio®, comment faire ?»