Quand le CIVBordeaux invite des oeno-blogeurs à Bordeaux pour un week-end

Le CIVB (Comité Interprofessionnel des Vins de Bordeaux) a eu la bonne idée, marketing, certainement poussé par l’agence de communication « Le Public Système« , d’inviter 9 blogeurs, tagés « oeno-blogeurs », durant le Week-end des Grands Amateurs de Bordeaux. Si cela fait partie comme ils disent « d’une stratégie d’influence des blogeurs« , la règle du jeu au départ semble admise par chacun d’entre nous. Pouvons-nous réellement découvrir une autre image de Bordeaux ? Existe-t-elle ? Qu’y-a-t-il derrière la fascination et l’attraction pour les Grands Crus ?
Pour ma part, je viens là pour espérer que Bordeaux cache peut-être, aussi, de ces hommes et femmes que j’aime découvrir, de ces gens simples, dont la vie tourne autour du vin, de son expression naturelle et de l’authenticité de leur travail. Nous verrons bien…

bar a vin civb bordeaux

Première partie : La rencontre…

Prenez 9 blogeurs spécialisés dans le vin, réunissez-les autour d’une table, dans le bar à vin prestigieux du civb à Bordeaux, asseyez-les autour de 4 cuvées, quelques toasts et devant 3 jeunes femmes, les yeux grands-ouverts, désarçonnées et sans voix, et vous aurez une idée de notre première rencontre à cette invitation à Bordeaux.
Première surprise, tous les blogeurs se connaissent plus ou moins, et se comportent en apparence de la même façon. A peine assis, ils sortent tous, un crayon, un carnet et un appareil photo et se mettent à photographier tout ce qui passe : bouteilles, verre, jambes croisées, serveurs un peu éberlués, autres blogeurs, déco, plafond, etc…

eric bernardin blog a boire et a mangerEric (A boire et à manger) se montre tout de suite le plus besogneux, la tête dans le guidon, il est à fond, écrivant déjà quelques idées sur son bloc-notes pendant qu’il se met à photographier en gros plan les verres posés devant lui. Outre son visage, bienheureux et ses yeux rieurs derrière ses petites lunettes, sa voix porte quand il parle, et, quand il parle, on l’écoute, car on comprend très vite qu’il a une science certaine de plusieurs sujets dont le vin et l’histoire de Bordeaux. Une polémique s’engagera par ailleurs sur la date exacte d’une période difficile du vignoble. Il reste droit, net, précis. Ce n’est pas  lui qui lâchera l’affaire.

 

laurent baraouLaurent (Le blog de Baraou) a pris ses aises en quelques minutes et n’a pas même attendu que Catherine, notre organisatrice, dont le nom rappelle celui d’une déviance du vin, ne finisse son discours de bienvenue pour balancer déjà plusieurs bonnes petites interventions. Celui-là a le regard aiguisé des gens et des choses. Un vrai moulin à parole qui ne marche pas qu’à l’eau claire, parfois même au bon vin, nature ou tout du moins sincère. Ce ne sera pas le cas ce soir. Trop soufré ! Ca sera pour plus tard… Attention, à trop en boire de ces vins-là, vous finiriez en vrac, dans votre lit, à vous battre frénétiquement contre un dark vador imaginaire et envahissant. Si Laurent a de la bouteille (jeu de mot incontournable de tout bon œnologue), il nous servira plus d’une fois sa classe, son expérience, sa compétence et son indépendance. Un régal pour ceux qui aime les interviews qui « cazes ».

Je n’ai pas vraiment apprécié les vins à cet endroit, à part le clairet Château Pénin qui, à mon goût, était le seul vin approprié à ce moment.

Le bar à vin du CIVB confirme l’idée que l’on se fait du Bordeaux. On sort le grand jeu, l’endroit impose par son luxe, le vin est un objet de valeur. Ma foi c’est l’outil idéal pour  conforter chacun dans cette idée que Bordeaux est un vignoble d’exception. Il est vrai que comparé au Mas de Saporta à Montpellier, il y a une différence marquée de l’approche marketing et de la vision de chacun de ces organismes professionnels de l’image à donner.

(A suivre…)

Concours Challenge Millesime Bio

17 Novembre 2008 – Mas de Saporta – Montpellier (34)

2ème Concours Challenge Millésime Bio organisé par l’AIVB-LR

480 échantillons, nous attendent, à l’étage du Mas, bien au chaud, protégés chacun des regards par un habit de carton souple et ondulé.  Le départ était fixé à 9h30 et je crois bien avoir attendu près d’une heure à ma table J. Ce n’est pas que je sois du genre impatient mais je comprend de suite le problème qui va se poser à nous, le jury. La salle est chauffée et les bouteilles sont ouvertes. Le blanc, le rosé comme le rouge ! Nous risquons de trouver plusieurs échantillons un peu lourd en alcool. Hé oui, si la fraîcheur n’est pas au rendez-vous, la dégustation ne sera pas terrible.

millésime bio 2008

Dommage, me voilà à devoir juger 11 cuvées de rosé de Provence et de Tavel ! Ca va être difficile. Autour de la table, des gens du milieu, ouverts, capables d’échanger sur le vin. C’est déjà ça. Nous sommes 5 dont une femme. L’ambiance studieuse ne trouble pas nos commentaires sur les vins. Un par un, couleur, nez, bouche, l’ensemble, à noter sur 20.
A partir de 12 c’est la médaille de bronze assurée, de 14 c’est l’Argent et au-delà de 16 c’est l’Or convoitée
Mais attention, on n’a pas le droit de décerner plus de 33% de médailles ! De plus, les médailles d’or font l’objet d’une deuxième dégustation pour décerner 5 mentions spéciales en catégorie vins rouge, rosé, blanc, mousseux et liquoreux.
La consigne n’a pas été énoncée oralement mais on peut lire sur le petit fascicule donné à l’entrée que « le jury ne doit pas rechercher la typicité du vin mais plutôt rechercher les vins qui plaisent… »

Pourquoi pas mais je me demande qui nous sommes pour doter de médailles ce qui nous plait. Cela plaira-t-il aux consommateurs ? C’est quand même un peu biaisé puisque nous sommes tous de près ou de loin liés à la filière vin. Le consommateur, lui, non ! Après tout, je n’en sais rien. Il y a peut-être dans la salle une majorité de consommateurs représentatifs, un panel…

Revenons vite aux vins, ceux que nous dégustons, les rosés de Provence et les Tavel. Je vais aller vite parce que je ne voudrais pas être trop négatif. Nous avons décerné 2 médailles de bronze, l’un à un tavel et l’autre à un rosé de Provence. Disons que qualitativement, tous les produits étaient à la hauteur. Nous avons eu un seul défaut d’oxydation sur un vin. Tout le reste peut se boire les yeux fermés. Mais il faut croire que nous étions plusieurs à en attendre un peu plus…comme du fruit…des arômes gourmands…de la couleur et de la constance. Ce ne fût pas vraiment le cas. Tous un peu pâles, à part le Tavel. Ce doit être la mode des rosés de Provence, rose pâle, arôme amylique, bonbon anglais quoi, mais sans aucune exubérance, sans chaleur, sans écart de conduite. Comme une envie de vin bio pour y trouver des arômes 100% fruits, de la nuance, de la nouveauté.

On aurait dit qu’ils avaient tous été faits par le même oenologue…

Vivement le salon Millésime Bio à Montpellier le 26,27,28 janvier 2009, il y aura du choix et du vigneron.