Rue89 : Mise en Bouteille Vin de spéculation vs Vin de Proximité

Lecture assidu du site Rue89 et du blog de Catherine Bernard : Mise en Bouteille, il m’arrive parfois d’être un peu en retard pour réagir. Le dernier article intitulé « Vin de spéculation contre vin de proximité » m’a donné quelque envie de faire, moi-aussi, mon commentaire.

Si la plume caresse la peau, elle laisse aussi sur du papier, même virtuel, des écrits étonnants.

Pourquoi donc se chercher querelles quant on nous parle si franchement de « mérite » ?
Il est si simple pourtant d’être curieux, d’avoir envie de gouter un vin, de se laisser porter par une histoire, de rencontrer un homme ou une femme, émerveillé au pied de ses barriques, empressé de vous emmener dans ses vignes, vous montrer sa terre, sa taille, tout ce travail, cette force d’ouvrage.
Faites donc ce pas, …de plus, guidé ou non, par un caviste, un article ici, une boutique, un ami, un autre, mais avancez un peu, l’esprit léger, avec envie.
Vous dégusterez très certainement des vins étonnants, des bouteilles inédites, des arômes inconnus, et même si quelques fois, vous serez déçu, il y a plus à gagner à s’ouvrir qu’à rester dans son coin.
Quel luxe nous avons de pouvoir venir à leur rencontre. Imaginez donc un boulanger vous parler de son champ de blé et de la manière de cultiver. Impensable !
J’ai encore découvert cette semaine des nouveaux aventuriers modernes, heureux de faire déguster leurs premières cuvées, tout excités encore du risque pris, du résultat pressenti, du défi à affronter, même ici, en plein coeur du vignoble du Languedoc. Et si oui, je le confirme, je leur demande si ils sont certifiés « Bio », quel plaisir d’apprendre leur manière de faire, comme par exemple à quoi peut servir des orties, des prêles, des oignons et des huiles essentielles pour la culture de la vigne. Si vous n’êtes pas ouvert d’esprit, c’est certain, vous penserez tout de suite que ce sont des foutaises. C’est bien ainsi que des hommes restent sur place tandis que d’autres avancent.
Si vous souhaitez en savoir un peu plus sur ma dernière rencontre, faites un tour ici…

Rue89
Blog de Catherine Bernard

Vin de Printemps pour les Vendredi du Vin

C’est vendredi et je tarde quelque peu à écrire pour les vdv.

 

 

Le printemps, il arrive et repars aussitôt. Déjà, en cet fin d’après-midi, le soleil est reparti. Tant pis !

 

Les martinets sont bien là pourtant depuis 2 jours à fuser, tout en sifflant, au-dessus de la terrasse, sur le toit. Pézenas, même sous un ciel gris, chante… Alors un rosé pour fêter le Printemps ! Pourquoi pas. J’ai pourtant bien profité de l’hivers pour déguster des choses légères qui flattent bien mon palais.

 

Mes deux dernières découvertes, deux nouvelles aventures, avec leurs toutes premières cuvées :

 

 

La Sorga, Antony Tortul. Une sorte d’ovni, posé dans une zone artisanale de Vias, près de Béziers. Au frais, 29 cuvées qu’il vinifie depuis les vendanges de 2008. J’ai gouté de son rosé qu’il a appelé : Ha…Ramon ! Au-delà du jeu de mots, j’aime de suite la fraîcheur du vin. Pas de chichi ! Il donne en effet très vite envie de chanter, espagnol, en claquant de la langue ! Olé ! (pour en savoir plus lisez cet article)

 

 

rosé turner pageot

Et puis, un rosé réalisé sur Gabian, au nord de Pézenas, au tout jeune domaine de Turner-Pageot. Elle est australienne, lui froggy ! Après 10 ans de tour du monde, entre la Toscane, l’Afrique du Sud et d’autres paysages de vignes, ils ont fini par choisir un terroir en France. Faut en vouloir tout de même avec tout ce qui se dit sur notre cher pays conquérant ! Donc un rosé très coloré, de saigné à 75% d’une cuve de Grenache, parcelle exposé au sud sur un sol de schistes et le reste en syrah toute pressée. Très bel assemblage, on se régale, vin certifié bio, avec une couche supplémentaire de Demeter en Biodynamie, et quelques excentricité du genre décoction d’orties et de prêles pour tonifier la plante, soupe d’ail et d’oignon pour éloigner les insectes, huiles essentielles de romarin pour je ne sais plus quelle raison…peut-être pour sentir bon quand ils pulvérisent cela sur les vignes. Je plaisante, c’est le printemps, a-t-on dit, alors l’humeur est légère et vagabonde. Je leur consacrerai très vite un article avec également un produit inédit : le Verjus !

verjus turner pageot

Comme le dit Lisson, pas si maladroite, profitons bien de l’air du (prin)temps.

Derain : Sage vigneron de Bourgogne en biodynamie

 

enseigne catherine et dominique derain

Dominique derainLa Bourgogne a un point de chute, Derain, Domaine de Catherine et Dominique, à ne surtout pas manquer quand on est de passage à Saint-Aubin sur la voie royale du fameux Chassagne Montrachet.
Ils fêtent les 20 ans de pratiques exclusives sans ajout de produits toxiques que ce soit dans les vignes ou dans la cave. Ancien directeur chez Laroche, Dominique a toujours pratiqué la biodynamie, avec envie et passion, prenant tous les risques en se lançant dès le départ de son aventure dans les préparations d’orties et de prêles, sur ses propres vignes, avec des rendements de 8 hl/ha.

Encore cette année, à l’équinoxe d’automne, le 22 septembre, ils se sont retrouvés entre adeptes des pratiques biodynamiques pour élaborer la préparation de bouse de corne. Ils les enterrent tout l’hiver jusqu’à Pâques afin de transformer la bouse de vache en cette subtile préparation qui agit sur l’harmonie et l’équilibre des végétaux. Ils sont une quinzaine dont Pierre Overnoy et Jean Montanet.

cuves derainDans la cave, de grandes cuves en bois servent pour la fermentation des raisins. « On les abreuve à l’eau de pluie puis à l’eau soufrée avant de mettre la gnôle » nous raconte Dominique quand on se penche au-dessus pour voir ce qu’il peut bien y avoir là-dedans.
Du début, Derain garde l’envie mais pas le label. Trop ringard, peut-être, ou trop gourmand, le sésame Demeter est bel et bien abandonné ! « A quoi bon payer une redevance de 1% sur le chiffre d’affaire ! De toutes façons la biodynamie c’est le respect de la différence, un point c’est tout ! »
Autodidacte, il attire, finalement, beaucoup de gens qui passent ici pour s’inspirer, apprendre et partager. Car faire du vin naturel, c’est tout réapprendre. Faut bien comprendre que le progrès, la science se crée ses propres problèmes et après-coup la recherche essaie de les résoudre. C’est absurde. On avance en reculant, en s’enfonçant de plus en plus dans le tout chimie, l’anéantissement de l’expression brute de la nature. Faudra-t-il qu’elle devienne comme une machine que l’on finira par programmer avec sa cohorte de bugs et de virus…Les OGM ne sont pas plus que ça : programmer la nature !

vignes saint aubin bourgogne
Aujourd’hui, la crise du vin entraine les officiels dans des attitudes incroyables. L’agrément de l’AOC se renforce, devient plus sévère. Pourquoi pas si c’est pour tirer la production vers le haut. Mais voilà, comme d’autres qui fonctionnent eux-aussi à l’originalité, Derain s’est vu refuser au premier passage son rouge. « Evolué oxydé et astringence » ont-ils conclu lors de la dégustation de sa cuvée ! Et au deuxième passage, s’est passé sans encombre ! Allez savoir, l’influence des jours fruits le jour de la deuxième dégustation peut-être, à moins que ce ne soit le hasard ou la volatilité du palais des jurys…
La décision est lourde de conséquence, financièrement, quand on sait le poids économique d’un tel domaine à l’export !
Le Mercurey, ce sont des vignes qui ont 8 ans, du Pinot gris dit « Beurrot » à 15% co-planté avec du Pinot Noir. Co-planté ça veut dire que dans la même parcelle, les ceps se mélangent.
Le beurrot apporte vivacité au vin et de très belles notes de framboise.