Quand les impératifs du marché bousculent la tradition, le bon sens, une fois de plus, est mis de côté ! Faire du rosé en coupant du vin blanc avec un peu de vin rouge, comme c’est simple, à faire et à penser, facile à expliquer aux nouveaux consommateurs.
Si en plus c’est la Chine qui en réclame, vite, vite, soyons les premiers à faire ce nouveaux mélange !
Petite remarque : si l’Union Européenne en vient à proposer une telle absurdité, au niveau intrinsèque du produit, cela montre bien que le marché nous échappe, à nous Européens, pourtant premier producteur et consommateur de vin !
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Comment fait-on le rosé ?
Non, ce n’est pas un mélange de vins blancs et de vins rouges ou encore ce n’est pas une nouvelle variété de raisins à la peau rose, très en vogue !
Juste une précision pour bien commencer. La couleur du vin vient des matières colorantes naturelles qui résident dans la peau du raisin principalement. Ce sont des pigments de couleur. Il y en a 2 sortes. Les Flavones, de couleur jaune, pour les raisins blancs et rouges. Les Anthocyanes, de couleur rouge foncé, pour les raisins rouges. Ne nous mélangeons pas ! Quand on presse un fruit, comme vous le savez, on extrait une matière solide et une matière liquide. D’un côté le jus qui vient de la pulpe essentiellement. D’un autre côté, la partie écrasée du raisin, à savoir la peau et les pépins. La couleur va dépendre de combien de temps le liquide demeure en contact avec la partie solide. A part les exceptions, sans contact entre eux, on obtient des vins blancs, avec un peu de contact (moins d’une journée après la vendange) on fait du rosé, après un contact prolongé, du vin rouge. Cette
petite précision apportée, il reste à décrire les deux méthodes de vinification en rosé qui portent de jolis noms :
Le rosé de pressée : A partir d’un raisin rouge ou noir, au moment de la vendange, on éclate les baies de raisins, c’est le foulage et on presse le raisin tout de suite. On récupère uniquement le jus. La méthode est donc dite de pressée puisque l’on presse directement le raisin et que l’on ne laisse pas le temps à la couleur de teinter le jus.
Le rosé de saignée : A partir de raisin noir, au moment de la vendange toujours, on éclate les baies de raisins là-aussi, mais on ne presse pas. On place les raisins dans une cuve pendant un temps limité, généralement entre 8 et 16 heures. Le jus est ensuite récupéré en bas de cuve. Les pigments ont eu suffisamment de temps pour colorer un peu les jus mais pas assez pour donner la couleur rouge. Vous comprenez pourquoi on dit qu’on le saigne. Un peu comme si le vin avait déjà une vie en cuve. Dans les deux méthodes, le procédé permet de varier la couleur soit, pour la première, en jouant sur le pressage du raisin, soit, pour la seconde, en jouant sur le temps de contact entre le solide et le liquide. Le vigneron peut donc tout à fait contrôler la couleur du rosé qu’il souhaite obtenir. Il y en a même qui en font une véritable obsession.
Quelques chiffres pour bien comprendre le marché du rosé : (source civp)
Rouges et rosés étant comptabilisés ensemble dans la nomenclature douanière, il est difficile d’estimer la production mondiale de vins rosés. Elle correspondrait à 20 millions d’hectolitres par an, soit environ 7 % du volume total des vins produits dans le monde. L’Europe constitue le premier pôle de production de vins rosés (75 %), loin devant l’Amérique (20 %) et l’Afrique du Nord (2 %). La France occupe la place de premier producteur mondial de vins rosés (25 %), avec plus de 5 millions d’hl, suivie de près par l’Italie et l’Espagne, dont la production approcherait respectivement les 4 millions d’hl. Avec plus de 1 million d’hectolitres, le vignoble provençal représente ainsi 42 % de la production nationale de rosé AOC, 20% de la production française de rosés tout type et environ 9% de la production mondiale.