Michel Rolland, flying wine maker qui retourne souvent sa veste, est-il un provocateur ?
La lecture de l’article paru ce jour sur terredevins.com, à propos d’une conférence de l’oenologue Michel Rolland à l’INSEEC de Bordeaux, me rappelle les propos avancés par Monsieur Septime et Laurent Baraou dans « La Face cachée du vin ».
Qui peut croire que Michel Rolland est un provocateur quand il annonce que « Dans l’avenir, le vin devra faire pareil : s’adapter aux différents marchés. Il faut arrêter de croire, en France et particulièrement à Bordeaux, que nous avons le monopole de la définition du goût. »Bien au contraire, il annonce un fait ! L’avenir serait même déjà aujourd’hui.Dans « La Face cachée du vin », les auteurs écrivent : « L’expression d’un terroir et son lieu de production importent peu, seul compte le marketing mix, l’adéquation du produit avec son marché. C’est la mondialisation du vin: il n’est plus culturel mais produit de consommation de masse. »
Et quand il dit : « Il faut savoir regarder ce que veulent les consommateurs. Pourquoi ne pas faire un vin aromatisé à la fraise ? Pour moi, ce serait une horreur, mais il faut y penser… » Vous croyez là encore qu’il s’amuse à nous faire peur.Pas du tout, toujours dans le livre de Baraou et Septime, on trouve cette phrase : « Pour obtenir ce résultat (un vin en adéquation avec un marché analysé et ciblé), les levures sélectionnées, aromatisantes, sont les premiers outils du chimiste oenologue. »Bien évidemment, ce genre d’affirmation ne plait pas à tout le monde et en particulier aux oenologues.
Pour finir, là où il me semble que Michel Rolland provoque un peu, c’est à l’encontre de ses collègues quand il affirme : « Vous savez, dans mon métier, on retourne souvent sa veste ! J’essaie d’être esthète, mais je suis aussi œnologue. J’ai un goût personnel, mais mon métier m’a donné une double personnalité… »Pourrait-on parler alors d’une face cachée de l’oenologue ?
Cela ferait plaisir qu’il s’agisse là de provocation… Mais est-ce si sûr?Si l’on considère le vin, notre vin, en fait « les vins » comme u patrimoine (je suis assez enclin à le faire 🙂 ) attention à ne pas détruire, casser pour des questions de simple mode (le marketing, ce n’est pas autre chose que suivre la mode!)Cela me rapelle une conversation récente avec un amoureux du patrimoine (musical cette fois), musicien lui-même, organiste de renom, mais Suisse! Il enregistre sur des orgues françaises. Mais ça le rend malade. « Nous avions des orgues exceptionnelles chez nous, mais pour répondre à la demande des curés, des pasteurs et des paroissiens on a détruit au fil des siècles pour faire de plus en plus grand, plus beau, plus esthétique. Et aujourd’hui, notre patrimoine est mort et on ne le reconstruira pas! On va chercher le beau et le bon ailleurs! »Il y a des ailleurs pour tout! Pour le vin aussi. Et les rencontres du fiston, Pierre-Marie (Vinovelo) me confortent dans l’idée qu’il y a heureusement d’autres visions que celles de M. Rolland. Ces vignerons là ne feront peut-être pas des fortunes, mais est-ce l’essentiel?Heureusement pour nous!PS: Il reste quelques belles et anciennes orgues en Suisse, mais en nombre restreint! On peut donc espérer que restent quelques bons terroirs se préservent 🙂
Oups! Ma langue a fourché »PS: Il reste quelques belles et anciennes orgues en Suisse, mais en nombre restreint! On peut donc espérer que quelques bons terroirs se préservent »
Michel Rolland n’a fait qu’une simple leçon de base de marketing. Aucune provocation là dedans. Dans toutes les écoles de commerce, on apprend à déterminer ce que souhaite le consommateur pour répondre à ses attentes.La mondialisation et l’ouverture de nouveaux marchés (asiatique et indien) apportent leur lot de nouveaux besoins. Faut-il les ignorer ? Est-ce rejeter l’idée de terroir et de tradition, si une partie de la viticulture française « fait » des vins à leurs goûts ?On préfère donner des primes d’arrachage et râler comme d’habitude sur la crise, le gouvernement etc…Heureusement qu’il existe des entrepreneurs dans le vin comme gérard bertrand, jean-claude mas et tant d’autres.
Heureusement qu’il y a encore plus de « petits » amoureux de la terre, de la vigne et… du vin. Et qui savent le vendre!
Petite Réponse à Arturo, si demain le Moyen-Âge n’est plus à la mode, mais que la Grèce antique oui, que le tourisme autour de nos beaux villages médiévaux n’a plus la côte, pense-tu qu’il faut détruire nos villages médiévaux et construire par dessus des faux villages antiques pour faire repartir le tourisme? Pour ma part le monde est fait de différences et en particulier le vin et c’est cela qui donne au vin cette incomparable complexité. Ne détruisons pas cette richesse que sont nos terroirs, car il a fallut plusieurs millénaires pour les trouver et les travailler, protégeons nos incalculables modes de vinification. Le vin est une histoire, une transmission de pensées et de tradition, de cultures, c’est comme si on te demandais de ne plus t’appeler Arturo, mais Dupuit et que tous tes voisins devait en faire autant, que le monde entier finisse par s’appeler Dupuit. Honnêtement !